littérature, littérature québécoise, Roch Carrier, André Major, Jacques Godbout, écrivains
La littérature québécoise est une littérature souvent méconnue en dehors du territoire, même des pays francophones. Pourtant, cette littérature est riche en grands auteurs dans des styles très différents. C'est entre 1940 et 1980 que cette littérature connut une sorte d'âge d'or. Il serait intéressant, à partir des six extraits de romans qu'il nous est donné d'étudier, de considérer à quel point la littérature québécoise revêt une dimension universaliste ou bien comment, au contraire, la littérature québécoise se présente comme une littérature régionaliste.
[...] Il explique d'ailleurs comment, c'est le fait d'avoir été instruit par l'école qui le pousse à se poser des questions et à prendre la plume : « Bien sûr, je suis une victime de l'instruction obligatoire, et ça doit jouer dans mon histoire. Pas d'instruction, pas d'ennuis parce que, quand on est instruit, on veut comprendre, on rêve, on fait des plans, on lit, on est malheureux, on est inquiet ». Nous pouvons effectivement trouver une dimension universaliste dans les différents romans qu'il nous est donné d'étudier, comme par exemple dans le roman intitulé La Grosse Femme d'à-côté est enceinte publié en 1978 quand le romancier évoque la façon dont la Seconde Guerre mondiale avait réquisitionné tous les hommes dans la force de l'âge, ne laissant sur le territoire que les très jeunes hommes ou les plus vieux ou encore les membres de l'Église : « La guerre avait kidnappé tous les mâles un tant soit peu en bonne santé, les avait ficelés, déguisés, endoctrinés, shippés de l'autre bord de la Grande Eau et les renvoyait au pays en morceaux ou dérangés ; elle n'avait laissé aux femmes du pays que leurs prêtres (qui en profitaient bien), les garçonnets trop jeunes pour donner leur viande, leurs pères qui racontaient les atrocités de l'autre guerre pour les encourager et, quelquefois, leurs maris quand ils étaient infirmes ou trop prolifiques ». [...]
[...] Dans un premier temps, nous étudierons en quoi la littérature québécoise peut se présenter comme une littérature régionaliste qui évoque des problématiques spécifiques à cette province canadienne. Ensuite, nous envisagerons comment, au contraire, la littérature québécoise peut revêtir une dimension universaliste, c'est-à-dire évoquer des problématiques qui peut concerner n'importe quel individu. Dimension régionaliste Les extraits des romans peuvent nous faire au contraire apercevoir la dimension régionaliste des romans québécois comme c'est le cas pour le roman intitulé Les Plouffe, un roman qui illustre bien l'antagonisme qui existe entre Français et Anglais, ainsi Théophile, le père de la famille Plouffe déclare ainsi : « Pensez-vous qu'un bon Canayen comme vous va me faire accroire qu'il est pour le roi des Anglais ». [...]
[...] L'interrogation du personnage est évidemment rhétorique. Elle n'attend pas de réponse, la réponse négative apparaît comme une évidence, un bon canadien ne peut être raisonnablement en faveur des Anglais qui ne sont pas bien comportés envers les québécois, qui ne leur ont pas montré suffisamment de respect. Le roman de Roch Carrier présente également une vision plutôt régionaliste de la littérature québécoise dans la mesure où il présente lui aussi l'antagonisme qui pouvait exister entre Anglais et Canadiens, le mépris des premiers à l'égard des seconds, comme le montre l'extrait suivant qui donne un aperçu du regard que les Anglais pouvaient porter sur les Canadiens, les French Canadians comme il les appelait : « Les Anglais long et maigres examinaient le double menton des French Canadians, leur ventre gonflé, les seins des femmes gros et flasques, ils scrutaient les yeux des French Canadians flottant inertes dans la graisse blanche de leur visage, ils étaient de vrais porcs, ces French Canadians dont la civilisation consistait à boire, manger, péter, roter ». [...]
[...] Il serait intéressant cependant à présent d'envisager comment cette littérature québécoise peut au contraire avoir une portée universelle. Dimension universaliste Les extraits de romans peuvent nous donner une image universelle dans la mesure où ces fictions mettent en scène des sentiments universels justement. Ainsi, nous pouvons penser au roman Bonheur d'occasion lorsque la romancière nous présente de jeunes soldats prêts à se joindre à la Seconde Guerre mondiale et que l'on considère par ailleurs à quel point des jeunes gens un peu perdus dans la vie pouvaient trouver un nouvel élan dans cette mission qui leur était confié : « Étaient-ce là les chômeurs d'hier ? [...]
[...] Enfin, Jacques Godbout mène une réflexion universelle sur le rapport entre la vie et l'écriture. Avec le terme qu'il invente « vécrire », il dépasse le régionalisme pour atteindre l'universel puisque cette réflexion sur le rapport entre la vie et l'écriture, avec ce choix qu'il fallait éventuellement faire entre les deux a pu concerner, peut encore concerner bon nombre d'écrivains. Ainsi, nous pouvons constater à quel point il n'est pas simple d'établir une nette frontière entre régionalisme et universalisme, de même qu'entre l'intime et l'universel parce que c'est parfois en évoquant des choses qui sont très personnelles que l'on peut parfois atteindre à l'universel comme on a pu le constater avec Proust par exemple qui, bien qu'évoquant en quelque sorte la vie d'un jeune bourgeois dans son œuvre, peut concerner n'importe qui. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture