Voici une dissertation que j'ai faite dans le cadre de la spécialité HLP en Terminale et pour laquelle j'ai obtenu la note de 18/20. Le sujet porte sur la représentation de la violence dans l'art, et s'interroge sur la capacité de la littérature à reconstruire une humanité après Auschwitz. Mon plan se déroule en trois parties, avec des références littéraires à l'image de Primo Levi ou philosophies, comme Adorno. J'ai également présenté ce sujet au Grand Oral et il a beaucoup plu à mes examinateurs.
[...] Or, si l'on censure la littérature du témoignage, comment apaiser les mémoires, comment reconstruire le dialogue social qui a été rompu et ainsi reconstruire une humanité ? Enfin, il ne faut pas annihiler l'idée selon laquelle ce sont des hommes qui ont pensé le génocide. D'après Robert Antelme, « les crimes du nazisme ne se qualifient pas mais appartiennent à un genre possible de l'humanité ». Le nazi appartient à l'espèce humaine. Dans la même optique, Imre Kertész estime que le monde ne peut plus être pensé qu'à partir d'Auschwitz. [...]
[...] Dans L'écriture ou la vie, Semprun décrit le sarcasme comme un moyen de résistance des déportés contre la déshumanisation. La littérature peut-elle reconstruire une humanité après Auschwitz ? Nous verrons dans une première partie que la littérature permet de redonner sa dignité à l'homme. Puis, nous analyserons la notion « d'innommable » qui rend la littérature obsolète après Auschwitz. Enfin, compte tenu notamment des objections de Levi Strauss, nous verrons qu'il convient de repenser la culture classique. La littérature, par opposition à l'ignorance qui génère la violence, permet de reconstruire une humanité. [...]
[...] Mais avec Auschwitz, l'Homme est face à l'insensé. Ne faudrait-il pas alors abandonner l'idée d'une représentation ? Théodor Adorno écrivait que « l'idée d'une culture ressuscitée après Auschwitz est un leurre et une absurdité » pour mettre en exergue que l'humanité, après avoir été auteure et témoin de telles atrocités, n'a plus le droit à l'innocence et au lyrisme. Il met en lumière une aporie car la culture n'a pas empêché la barbarie mais abandonner la culture serait un acte barbare. [...]
[...] L'évènement et la représentation ne doivent pas être placés sur le même plan. Certains auteurs, à l'image de Charlotte Delbo et Robert Antelme, écrivent différemment pour pouvoir exprimer l'inexprimable. Par exemple, Charlotte Delbo rend compte de la Shoah par le détour de la poésie. Elle adopte une écriture littérale, sans adjectif car celui-ci ajoute du superfétatoire. Elle s'extrait donc de la littérature par le recours à la poésie. Par ailleurs, le livre de Robert Antelme, L'espèce humaine, atteste de cette nouvelle manière de représenter. [...]
[...] La littérature permet à l'auteur de redevenir un Homme. Au retour des camps, certains auteurs, à l'image de Primo Levi, évoquent un « besoin presque pathologique » de témoigner par le biais de l'écriture. Selon lui, la littérature lui a permis de regagner l'humanité qu'il avait en partie perdue dans les camps : « En écrivant, je retrouvais des bribes de paix et je redevenais un homme ». Celle-ci permet donc d'apaiser la mémoire de la victime. Depuis Aristote, la littérature se voit conférer une fonction salvatrice, selon le concept de catharsis qui désigne la purgation des passions. [...]
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