"Montherlant se soucie peu de défendre des idées, mais il tente depuis plus de cinquante ans de parfaire sa science de l'homme afin de surprendre l'âme dans sa vérité et dans sa pérennité. Les transformations du monde et les bouleversements politiques, sociaux, économiques qu'elles entraînent, restent sans effet sur la part immortelle de l'être que Montherlant tend à éclairer en chacun de ses personnages.
De ce fait, l'époque, le lieu, la condition sociale et familiale ne déterminent guère le comportement des héros. Selon qu'il adhèrent ou non à la sévère morale montherlanienne, les personnages se rangent dans le camp des forts ou des faibles, des vainqueurs ou des vaincus, cette division demeurant assez souple pour permettre à l'écrivain de reproduire dans son théâtre toutes les conditions humaines" (...)
[...] : Montherlant se place ici comme un historien, quelqu'un qui relate les faits sans y porter de jugement. Il écrira : Je ne suis pas d'abord un lyrique, un styliste, je suis d'abord un psychologue, ce que l'on appelait au siècle dernier un connaisseur du coeur humain . Parallèlement, le caractère des personnages est authentique, comme le confirme l'auteur lui-même dans ses notes de théâtre : Mes romans et mes pièces sont basés sur une seule conception : voir la nature humaine aussi profondément que je le puis, et la décrire telle que je la vois, je veux dire : sans noircir mes personnages, ni les embellir, selon un parti, mais en les faisant mêlés et contradictoires comme ils le sont d'ordinaire dans la vie . [...]
[...] En elle, je comprends le détachement, car comment prendre de la hauteur sans se détacher ? Cette obsession de la hauteur est également présente dans le Fils de personne et dans la Reine Morte les pères représentent alors la qualité, la hauteur tandis que les fils ne sont que la médiocrité. Dans la Reine Morte , Ferrante reprochera à son fils sa bassesse : On peut avoir de l'indulgence pour la médiocrité qu'on pressent chez un enfant. Non pour celle qui s'étale dans un homme (Acte scène allez, allez, en prison ! [...]
[...] Paule d'Arx affirme ici que Montherlant se soucie peu de défendre ses idées dans ses différents ouvrages. En effet, souvent critiqué pour ses opinions politiques et personnelles (il est qualifié de misogyne, tient des propos acerbes sur la paternité, son désir de travailler à la renaissance du pays lui colle une étiquette de collaborateur), il ne cherche pas pour autant à se justifier ou à exposer ses dérives dans ses ouvrages. Leurs thèmes puisent bien sur leurs racines dans le vécu ou le ressenti de l'auteur mais ne deviennent pas pour autant des justifications à sa conduite. [...]
[...] Bien que certains des personnages possèdent des traits de caractère semblables à ceux de l'auteur, ils n'en sont pas pour autant le clone. Puisque l'intérêt des ouvrages de Montherlant ne réside pas dans l'exposition de ses thèses personnelles, il réside donc, d'après Paule d'Arx, dans sa tentative de parfaire sa science de l'homme afin de surprendre l'âme dans sa vérité et dans sa pérennité . En effet, la littérature pour Montherlant est semblable à un gigantesque terrain d'analyse où la multiplicité des caractères permet une meilleure compréhension du genre humain. [...]
[...] Cependant le style de Montherlant ne se résume pas à une opposition entre les vainqueurs et les vaincus. John Batchelor a affirmé à son propos qu'il s'agit d'un théâtre réaliste dans lequel la poésie a toute sa part, admirable lieu d'une méditation judicieuse et universelle sur la condition d'homme. Car Montherlant s'est fixé pour but d'explorer l'homme et son discours est soumis aux principes stricts qu'il s'est lui-même imposés. Son esthétique personnelle tourne autour de l'efficacité de la formule (avec des phrases courtes : Attends, ma mort, attends. [...]
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