Ce document contient une dissertation entière sur le sujet suivant : "François Hartog déclare que dire l'Autre c'est bien évidemment une manière de parler de nous". Ce document est construit autour de l'étude des chapitres Des Coches et Des Cannibales des Essais de Montaigne. La dissertation contient des exemples des Essais mais aussi d'autres textes étudiés.
[...] Le regard que l'on porte sur l'autre n'est donc jamais neutre et implicitement, nous fait parler de nous. Porter un jugement sur l'autre c'est montrer implicitement ses valeurs puisque nous mettons en avant ce qui est important pour nous. En effet, que l'on dise l'autre ou qu'on le fasse parler, nous valorisons ce qui nous plaît chez lui. On en apprend alors plus sur nous même et les valeurs que l'on défend. Ainsi, dans Des Coches, Montaigne met en évidence certains caractéristiques des sauvages qui en disent long sur lui. [...]
[...] Effectivement, Montaigne compare les sauvages aux fruits sauvages « ils sont sauvages de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaires à produits [ ] en ceux là sont vives et vigoureuses les vraies et plus utiles et naturelles vertus et propriétés » (L128). Les indigènes sont donc restés proches de leur état originel et de la mère nature. Montaigne oppose cette relation entre la nature et les indigènes avec celle entre les européens et la nature. [...]
[...] C'est en montrant la distance entre l'autre et nous même que Montaigne découvre qui nous sommes. C'est grâce à l'autre, qui est complètement différent de nous, que l'on prend conscience de ce que nous sommes. Dire l'autre permet de savoir qui nous sommes puisqu' en parlant de la société de l'autre on en vient à parler et prendre conscience de la nôtre. La connaissance des autres est donc indispensable pour avoir la connaissance de soi. Mais les auteurs ne s'en tiennent pas seulement à dire l'autre pour parler de nous puisqu'ils vont jusqu'à donner la parole à l'autre. [...]
[...] Cette distance est nécessaire pour avoir idée claire de ce que nous sommes. Les étrangers remarquent en effet des choses, des défauts que l'on ne remarque pas ou plus comme la curiosité malsaine des Parisiens « si je sortais, tout le monde se mettait aux fenêtres » (L4). Le regard étranger est naïf, innocent, insouciant et permet de fournir un vrai témoignage. En utilisant le point de vue de l'autre, on découvre donc une nouvelle image de soi. Les auteurs utilisent la parole de l'étranger pour critiquer leur propre société puisque faire parler l'autre est un moyen détourné de transmettre ses propres idées. [...]
[...] Ainsi, à travers cette éloge de l'autre, Montaigne parle de lui. Dans l'autre sens, lorsque Montaigne critique, il met en avant les idées contre lesquels il se bat. Dans Des Cannibales, il dénonce fortement étroitesse d'esprit et le manque de tolérance des européens « nous n'avons d'autre mire de la vérité et de la raison que l'exemple et l'idée des opinions et usances du pays où nous sommes » (L125) et montre ainsi un de ses combats en tant qu'humaniste dans l'altérité. [...]
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