Pierre Brunel, professeur de Littérature comparée à l'université de Paris-IV-Sorbonne et membre de l'Institut universitaire de France, écrit dans l'Encyclopaedia Universalis que « la littérature comparée [qu'elle] est la discipline des passages : passage d'un pays à l'autre, d'une langue à l'autre, d'une forme d'expression à une autre ». Il semble ainsi rassembler en ces termes les pensées de beaucoup de comparatistes et critiques qui en ont fait l'étude, voyant en cette matière un lieu de transfert dans l'espace, dans le temps, entre différents domaines et différents esprits.
La littérature comparée existait déjà à l'Antiquité à travers les parallèles littéraires pratiqués par les poéticiens, puis elle s'est ensuite développée lorsque chaque pays a tenté de définir sa littérature nationale en la comparant avec celle des autres pays. Enfin, depuis l'an 2000 cette discipline s'est remise en cause quant à ses perspectives et ses méthodes ce qui a donné lieu à de nouveaux traités théoriques sur le sujet. Surtout, la littérature comparée semble être une discipline universelle et atemporelle qui évolue au cours du temps, qui se trouve de nouveaux objectifs, mais qui malgré tout garde son caractère principal : l'ouverture au monde et à la diversité (...)
[...] La maîtrise des langues est aussi un critère d'échanges entre personnes de différentes nationalités. Le groupe de Copet rassemblait, par exemple, autour de Madame de Stahl les hommes les plus brillants de l'Europe, s'y mêlaient donc des allemands, anglais, français, etc. Ils s'influençaient ainsi les uns les autres, donnant et recevant à la fois, ce qui entre dans une certaine dialectique du don qui permet à travers un système de réciprocité d'être reconnu socialement et dans ce cas également artistiquement. [...]
[...] Selon Goethe, la culture est une affaire de translation généralisée et passerait donc aussi par la traduction d'un texte. D'après lui, il y en a trois sortes différentes : celle qui n'est qu'une pure information pour faire connaître quelque chose d'étranger, celle qui s'efforce de s'approprier l'esprit étranger en le transposant entièrement et celle qui pourrait être non pas à la place de l'original mais en son lieu puisqu'elle cherche à en devenir l'équivalent. Cette dernière est la plus complète puisqu'elle ne s'occupe pas uniquement de faire comprendre le récit source, mais elle en garde tout le caractère sans le dénaturer afin de faire naître chez le lecteur les mêmes sentiments que s'il lisait l'original. [...]
[...] Il souhaite ainsi ouvrir l'esprit français aux cultures asiatiques, perses, etc pour atteindre un comparatisme planétaire. Cultiver d'autres langues est effectivement un moyen de s'éloigner de la figure du barbare qui a toujours eu beaucoup d'importance dans les textes : étymologiquement, il est celui qui ne parle pas la langue et qui ne peut donc pas s'intégrer dans la société. Autrement dit, connaître des langues et étudier la traduction enseigne sur la façon de vivre d'un peuple, ses goûts et ses évolutions à travers le temps. [...]
[...] A travers cela, la littérature comparée se rapproche de la sociologie littéraire et devient un lieu de passage des idées et des pensées à travers le monde. L'ailleurs en tant qu'incarnation de l'autre se traduit aussi en littérature par les nombreux récits de voyages qui se sont développés au fil du temps, tels que le Devisement du Monde de Marco Polo en 1299 ou plus récemment, Voyage du Condottiere de André Suarès publié en 1932 et qui raconte le voyage en Italie de l'auteur qui y décrit la culture italienne, les paysages et oeuvres d'arts qu'il y trouve. [...]
[...] La littérature comparée devient alors une vision cosmopolite et libérale qui lie ainsi le poète au monde entier sous toutes ses formes. Ainsi, le comparatisme littéraire pourrait aussi être qualifié de discipline des passages à travers le monde puisqu'en présentant des textes venant de différents pays, s'influençant ou se prenant pour modèles les uns les autres, se comparant et s'évaluant dans une sorte de synchronie mondiale, il apporte à la littérature le moyen de se renouveler sans cesse à travers un passage du particulier au général, du local à l'universel. [...]
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