Pendant longtemps, le monde a cru que la Terre était plate. Cosmas d'Alexandrie, voyageur et géographe du VIe siècle, avait même représenté la Terre selon une carte en T qui centrait l'Europe, l'Asie et l'Afrique autour de l'Asie mineure. Le monde ne se résumait ainsi qu'à ces trois continents. Il a fallu attendre Pythagore et Parménide pour comprendre que la Terre était sphérique. Certains voyageurs se sont donc lancés à la recherche de ces terres cachées qui deviendront entre autres « Le Nouveau Monde ». Ainsi, grâce à des hommes tels que Vasco de Gama (contournement de l'Afrique), Christophe Colomb (Amérique centrale), Magellan (tour du monde), ou encore Jacques Cartier (Canada), le monde s'ouvrit au regard des hommes et bouleversa toutes les thèses et philosophies établies. Montesquieu dira : « Aujourd'hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celles de nos pères, celles de nos maîtres, celle du monde. Ce qu'on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières ». Nous devons donc la découverte de notre monde à ces voyageurs qui nous offrirent une réalité géographique. Cependant, la connaissance de ce monde était encore loin d'être assurée. Quels étaient ces « autres », à quoi ressemblait cet « ailleurs » ? Autant de questions qui restèrent longtemps sans réponses.
Toutefois, la littérature put en apporter quelques-unes, et en particulier la littérature comparée. Certes, celle-ci mit un certain temps à émerger. A l'Antiquité, elle mit en relation la littérature grecque et latine. Au XVIIIe, c'est l'espace français et anglais qui fut source d'interrogations. A partir du XIXe, le domaine français s'est rapproché du domaine allemand, grâce entre autres à Mme de Staël, Goethe et Schiller. Goethe, nous le verrons, a également beaucoup contribué à la connaissance de l'Orient, notamment par l'intermédiaire de la poésie de l'ancienne Perse. Ampère, lui, s'est intéressé aux pays nordiques, principalement la Scandinavie. C'est lui-même qui fera naître la littérature comparée comme discipline, en 1830. A partir de cette date, la discipline connut une longue gestation, et fut mise en valeur par certaines villes et académies pilotes (en France nous pourrions citer le Collège de France, Lyon, Strasbourg, Rennes…). Au XIXe, les congrès autour de ce nouveau domaine se multiplièrent, dont le Congrès international des Lettres à Paris en 1878. Pendant le XXe, après la Première Guerre mondiale, les comparatistes se mobilisèrent pour l'entente des peuples. Les études en littérature comparée vont alors connaître un vrai développement. Ainsi, nous le voyons, la littérature comparée n'a cessé de s'intéresser au monde et de participer à sa découverte.
[...] Ampère, l' amateur universel va fortement contribuer à l'émergence du comparatisme, en énonçant ses premiers principes méthodologiques : nécessité du voyage, polyglotisme, et développement de la flexibilité de sympathie Il avait à cœur le respect total du texte et de la langue d'origine, prônait le dépaysement absolu et visait l'intelligence externe de l'ouvrage et l'intelligence supérieure de son intimité. Pour lui la comparaison était un acte de savoir et une démarche militante. Enfin, nous parlerons d'Etiemble, véritable emblème du comparatisme. Il a entamé un profond dialogue avec la Chine et nous a appris à lire la littérature japonaise. Toute sa vie a suivi le chemin de l'Orient et de l'Asie en particulier, et il a créé à ce titre la collection Connaissance de l'Orient en 1956. Etiemble a également beaucoup étudié les différentes langues et leur impact. [...]
[...] Il n'est pas un photographe, mais un mineur des mots. La littérature comparée s'occupe donc de la représentation du monde en littérature avant tout. L'acte comparatiste est donc inévitablement un acte d'ouverture au monde, mais la connaissance du monde nécessite déjà une connaissance de soi. Nous avons fait remarquer précédemment que pour que la comparaison existe, il fallait établir un rapport entre plusieurs entités hétérogènes. Mais peut-on comparer sa propre culture à une autre si on ne la connait pas ? [...]
[...] Dans un dernier temps, nous avons analysé tous les outils dont la littérature comparée pouvait et devait se servir pour atteindre ses objectifs. La traduction nous est apparue comme une nécessité absolue puisque sans elle le monde nous resterait crypté et incompréhensible. Le dialogue interdisciplinaire permet également à la littérature comparée de disposer des meilleurs atouts pour saisir les subtilités de l'étranger. Enfin, le texte, véritable support de recherche du comparatisme, apparaît comme la transmission de toutes les diversités et points de vue du monde. [...]
[...] On ne peut pas comprendre l'avenir si on ne se nourrit pas du passé. La comparaison se construit alors sur un axe à la fois vertical, pour ce qui est de la connaissance des textes fondamentaux, et horizontaux, pour ce qui est de la connaissance de l'ailleurs. Ces deux axes sont nécessaires pour comprendre l'acte comparatiste. Nous parlions des mythes, mais il ne faudrait pas oublier tous les textes qui ont fondé les religions, qui sont une base absolue pour la compréhension de l'autre. [...]
[...] À l'époque romantique, c'est davantage l'hispanomanie qui gagnera les foules. La manie ne vit donc que d'emprunts. - À l'inverse, le comparatiste peut considérer la culture étrangère comme inférieure et négative à la sienne. C'est qu'on appellera alors la phobie Là aussi, l'échange s'avère caduc puisque tout est dévalorisé chez l'Autre. Dans ce cas, comme le dira Pageaux l'espace étranger est un lieu de reconnaissance et non de connaissance Cette position débouche sur de fausses relations, et un rejet d'une réciprocité. [...]
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