Quatre-vingt trois ans de mots… toute une vie… toute une vie faite de mots : « Des mots, des mots, la mienne ne fut jamais que cela, pêle-mêle le Babel des silences et des mots, la mienne de vie, que je dis finie, ou à venir, ou toujours en cours, selon les mots, selon les heures, pourvu que ça dure encore, de cette étrange façon ». Voilà ce qui résume la vie de Samuel Beckett, voilà ce qui fait sa biographie : les mots. Près d'un demi-siècle de mots, depuis les premiers en 1929… en anglais comme en français. Samuel Beckett, irlandais, après quelques séjours en France a choisi d'écrire en français. Bien que n'étant pas le premier à faire ce choix, on se souviendra par exemple d'Eugène Ionesco autre dramaturge dit du « théâtre de l'absurde », Samuel Beckett est le seul à avoir autant exploité les richesses de ses deux langues et à les avoir croisées. On s'interrogera donc sur les manifestations du bilinguisme dans ses œuvres romanesques et théâtrales.
Samuel Beckett est considéré comme le plus français des écrivains irlandais car son œuvre appartient autant au patrimoine littéraire irlandais que français. De plus, du fait de la mise en œuvre du bilinguisme dans son entreprise créatrice, le langage littéraire se dédouble. Mais cette dualité est aussi une complémentarité dans la mesure où le travail de création se fait également en deux temps à savoir ceux de chacune des deux langues utilisées par l'auteur.
[...] Le choix de Beckett d'écrire en français a de quoi dérouter. Dans Transition (1948), il avait déclaré en faux mauvais français que c'était pour faire remarquer moi avant de confier avec esprit qu'en français c'est plus facile d'écrire sans style Difficile de prendre au sérieux ce postulat anti-esthétique quand on connaît la langue beckettienne, fortement stylisée et reconnaissable entre toutes. Chez lui, le chois d'écrire dans une langue étrangère reste d'abord indissociable de l'exil, d'un certain rejet d'une Irlande dévote et normative, que nombre d'artistes avant lui, dont Joyce bien sûr, avaient fuie. [...]
[...] le travail littéraire en fait de même A. Entraînement à la traduction Samuel Beckett consacrait une partie importante de son emploi du temps à effectuer des traductions pour entretenir sa gymnastique intellectuelle, et en finir avec certains soucis personnels. Cet exercice rigoureux aide à approfondir ses connaissances dans la langue seconde, mais aussi à penser dans la langue étrangère, preuve de l'appropriation de celle- ci et de l'avancée dans l'apprentissage. Certains de ses travaux sont perdus. Le Bateau ivre de Rimbaud, commandé par E.W. [...]
[...] La correction de leur langage constitue une source d'humour que L.-F. Céline n'a pas voulu exploiter dans ses romans. [ ] John Fletcher, Ecrivain bilingue Cahier de l'Herne ANNEXE 2 L'amoureuse de Paul Eluard et la traduction de Samuel Beckett. Elle est debout sur mes paupières Et ses cheveux sont dans les miens, Elle a la forme de mes mains, Elle a la couleur de mes yeux, Elle s'engloutit dans mon ombre Comme une pierre sur le ciel. Elle a toujours les yeux ouverts, Et ne me laisse pas dormir. [...]
[...] All That Fall/Tous ceux qui tombent sera la première des pièces radiophoniques écrites pour la BBC. Etonnamment, issus d'un même espace psychique, les corpus français et anglais, bien que parallèles, conservent des spécificités remarquables. Dans l'ensemble, les textes français préservent une familiarité de ton plus rare en anglais. En outre, l'absorption de la langue célinienne en français s'accompagne d'une incorporation comparable d'idiotismes anglo-irlandais dans les versions anglaises, qui prennent une coloration irlandaise manifeste : dans le célèbre monologue aphasique de Lucky, Voltaire deviendra Berkeley, Normandie Connemara. [...]
[...] On s'interrogera donc sur les manifestations du bilinguisme dans ses œuvres romanesques et théâtrales. Samuel Beckett est considéré comme le plus français des écrivains irlandais car son œuvre appartient autant au patrimoine littéraire irlandais que français. De plus, du fait de la mise en œuvre du bilinguisme dans son entreprise créatrice, le langage littéraire se dédouble. Mais cette dualité est aussi une complémentarité dans la mesure où le travail de création se fait également en deux temps à savoir ceux de chacune des deux langues utilisées par l'auteur. [...]
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