Au XVIIème siècle, la littérature est accessible à une petite partie de la population ; riche et cultivée, la noblesse, principalement la cour, constitue le seul lectorat de l'écrivain dont la fonction est alors définie. A ce propos, Sartre écrira : "Les auteurs du XVIIe siècle [...] s'adressent à un public éclairé, rigoureusement délimité et actif, qui exerce sur eux un contrôle permanent ; ignorés du peuple, ils ont pour métier de renvoyer son image à l'élite qui les entretient [...]. La société s'y mire avec ravissement parce qu'elle reconnaît les pensées qu'elle forme sur elle-même ; elle ne demande pas qu'on lui révèle ce qu'elle est mais qu'on lui reflète ce qu'elle croit être" (Qu'est-ce que la littérature ?, 1947). Ces propos invitent à s'interroger sur la relation qu'entretient le lectorat avec la production littéraire du "Grand Siècle".
[...] De ce fait, à travers les belles lettres, il y a une instruction sous-jacente. Tout d'abord, la littérature du “Grand Siècle” offre la possibilité aux femmes non seulement de se constituer en public autoritaire mais aussi de prendre la plume elle-même. Rappelons qu'à cette époque, les femmes n'ont pas l'autorisation de se revendiquer auteur. C'est l'ambigüité qui existe sur le terme au XVIIème siècle qui va permettre aux femmes d'écrire plus ou moins légitimement. En effet, “tenir salon” signifiait avant tout “recevoir compagnie”; or, une femme pouvait recevoir chez elle. [...]
[...] La culture des salons : formation du lectorat mondain et centre de création 1. La culture des salons : l'art de la conversation En réaction à la vulgarité de la cour d'Henri IV (1589-1610), la société du début du siècle aspire à un certain raffinement; les aristocrates commencent alors à se réunir régulièrement dans des salons. Ces derniers présentent un double avantage : non seulement ils offrent un caractère plus intimiste que la cour mais aussi une plus grande liberté d'expression. [...]
[...] Les femmes s'affirment en tant qu'écrivaines et certaines iront même jusqu'à remettre en question la condition de la femme, dans un plan plus élargi. Dans Mathilde (1667), Mlle de Scudéry expose une certaine aversion au mariage car elle y voit une perte absolue de l'autonomie de la femme. Rappelons qu'au XVIIème siècle, la femme est sous tutelle de son père, puis de son mari,; il s'agit majoritairement de mariage d'honneur. Madeleine de Scudéry utilise une discussion entre Mathilde et Laure sur la relation amoureuse pour exprimer l'idée que le mariage d'intérêt conduit à l'avilissement de l'amour : “quand on est libre, on peut se haïr et ne se voir jamais; on peut même quelquefois se venger sans honte. [...]
[...] Les précieuses sont avant tout friandes de raffinement. C'est pourquoi elles préfereront appeler un fauteuil “commodités de la conversation” et un miroir conseiller des grâces” afin d'éliminer les mots vulgaires. De plus, toujours dans l'optique de se distinguer, elles créeront des néologismes, dont certains sont encore en usage aujourd'hui : “s'encanailler”, “féliciter”, “s'enthousiasmer” ou encore “débrutaliser”, “soupireur” (qui ont depuis disparu). Mais très vite, à force de périphrases, de métaphores et d'hyperboles, mais aussi d'extravagance vestimentaire, l'éxagération des précieuse va être critiquée. [...]
[...] De plus, par son style naturel, en même temps qu'elle renouvelle le genre, elle reflète la spontanéité dont la conversation mondaine se flatte; la forme même de la lettre, parce qu'elle revêt une dimension dialogique, ajoute à cet effet. Les exemples de salonnières qui ont écrit la société mondaine sont nombreux et tous s'accordent à dégager un souci de la bienséance qui va engendrer la conception d'un idéal de sociabilité que les salons précieux vont largement incarner L'émergence de la préciosité La préciosité En effet, cette culture des salons va rapidement être assimilée à un mode de sociabilité qui repose principalement sur la dignité des moeurs, l'élegance de la tenue et la pureté du langage, préceptes que l'on peut retrouver dans le célèbre roman pastoral d'Honoré d'Urfé, L'Astrée, publié à partir de 1607. [...]
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