Ces représentations que nous rencontrons en littérature s'organisent en illusions, au point que Claude Simon en vienne à se demander « laquelle de ces deux réalités est la vraie ». Mais même charmés par « la façon dont sont ordonnés » les composants du langage, nous comprenons que toute représentation doit assumer son invalidité par rapport au monde, qui l'empêche de produire du monde. Alors, et seulement à cette condition, peut naître un dialogue où le lecteur accepte de se laisser convaincre. La représentation « réellement littéraire », opposée à la rhétorique, s'accomplit sans violence : elle invite au voyage (...)
[...] Ces représentations que nous rencontrons en littérature s'organisent en illusions, au point que Claude Simon en vienne à se demander laquelle de ces deux réalités est la vraie Mais même charmés par la façon dont sont ordonnés les composants du langage, nous comprenons que toute représentation doit assumer son invalidité par rapport au monde, qui l'empêche de produire du monde. Alors, et seulement à cette condition, peut naître un dialogue où le lecteur accepte de se laisser convaincre. La représentation réellement littéraire opposée à la rhétorique, s'accomplit sans violence: elle invite au voyage. Laquelle de ces deux vérités est la vraie nous demande Claude Simon. [...]
[...] Ce travail de la langue, qui caractérise particulièrement la poésie on peut même considérer qu'il constitue une des définitions de la poésie déborde sur l'ensemble des représentations littéraires. Claude Simon, en écrivant la Route des Flandres, a accompli un incroyable et troublant, il faut le dire travail sur le langage, en transcrivant sous la forme d'un flux de conscience brut en apparence les pensées de son personnage. L'imitation de notre mode de pensée se rapproche beaucoup de ce que nous connaissons en notre fort intérieur . [...]
[...] Mais si nous pouvons confondre la réalité fictionnelle avec la vraie c'est aussi du fait de la cohérence de la représentation: comme notre univers, l'univers fictionnel a ses lois. Et si un écart relatif est forcé, un écart trop grand nuirait à la compréhension du lecteur. Kendall Walton évoque cette idée, partant du principe, comme Gombrich, que la représentation qu'il assimile à la fiction est directement liée au jeu: enfant, je décidais qu'un bâton était une épée; aujourd'hui, je passe le même type de contrat avec moi-même devant tout type de représentation. [...]
[...] Le travail du langage: le projet de convaincre II. Un lecteur qui se prend au jeu de la fiction III. La porosité des réalités. Le propre de la réalité est de nous paraître irréelle, incohérente du fait qu'elle se présente comme un perpétuel défi à la logique, au bon sens, ou du moins tels que nous avons pris l'habitude de les voir régner dans les livres à cause de la façon dont sont ordonnés les mots, symboles graphiques ou sonores, de sentiments, de passions désordonnées si bien que naturellement il nous arrive parfois de nous demander laquelle de ces deux réalités est la vraie. [...]
[...] La représentation littéraire veut nous donner des moyens pour traiter le réel, nous offrir une technique de l'esprit, et refuse de donner un sens à son propos. A ce titre le discours de réception du Prix Nobel de Mario Vargas Llosa développe cette idée la représentation est fondamentalement anti-dogmatique, iconoclaste (elle s'autorise à tout représenter), et donc démocratique. Combien de ces discours élogieux destinés à flatter Franco ou Hitler avons-nous conservés dans notre mémoire littéraire ? Encore une fois, la rhétorique s'oppose à la représentation réellement littéraire. [...]
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