Lettres Persanes, Montesquieu, Usbek, Rica, voyage d'Usbek, monde patriarcal, place des femmes en France, patriarcat, éducation
En choisissant la forme épistolaire, Montesquieu s'est permis d'inclure dans son roman des commentaires sur la société française qu'il dépeint avec ironie et parfois même avec mépris. Publié dans un premier temps sans dévoiler qu'il en était l'auteur, le jeune Montesquieu a réussi dans les Lettres Persanes à travers les yeux de Rica et Usbek à faire à la fois une description pleine de recul des pratiques sociales françaises et une critique du système de l'Iran d'alors, la Perse. Parmi toutes ces observations, un sujet revient à plusieurs reprises évoqué dans plusieurs domaines, c'est la place des femmes dans la société et leur rapport à la domination masculine.
Alors, quel regard portent Usbek et Rica, et à travers eux Montesquieu, sur la place des femmes en France ? Quel avis Montesquieu sous-entend-il sur le rôle des femmes en Perse ? Et finalement quelle description du rapport entre homme et femme pouvons-nous dessiner dans ce XVIIIe siècle?
[...] Mais, on comprend dans les derniers mots utilisés, « ces portes fatales qui ne s'ouvrent que pour moi » que le lien entre Usbek et ses femmes se réduit à la dimension sexuelle et qu'en réalité, ses femmes ne sont pas des femmes comme on pourrait habituellement l'entendre, à qui l'on demanderait fidélité et amour, mais simplement des objets sexuels qu'on détourne de toute distraction extérieure et de toute perversion. Aussi, on comprend la recherche du bonheur fait dans ce système bien plus de victimes que de bénéficiaires : Usbek en est le seul gagnant, lui qui jouit de plusieurs femmes vouées à ses désirs sexuels. Mais ses femmes sont réduites à un rôle d'esclave sexuel dans lequel on nie tous leurs désirs, toutes leurs volontés propres. [...]
[...] Le riche Persan n'hésite pas à user de superlatifs pour les décrire et on comprend dans les termes qu'il utilise tout le poids de son attachement pour celles-ci. Or, dans le même temps, on perçoit que ces femmes sont emprisonnées dans le sérail d'Usbek, qu'elles n'ont à proprement parler pas de liberté et que même en l'absence du riche Persan, elles sont mises sous la garde des eunuques pour empêcher qu'elles ne s'affranchissent du contrôle de leur maître. De quoi Usbek a-t-il peur sinon d'être dépossédé de sa femme ? [...]
[...] Lettres Persanes - Montesquieu (1721) - Comment la recherche du bonheur dans les Lettres Persanes est-elle étouffée par le monde patriarcal ? En choisissant la forme épistolaire, Montesquieu s'est permis d'inclure dans son roman des commentaires sur la société française qu'il dépeint avec ironie et parfois même avec mépris. Publié dans un premier temps sans dévoiler qu'il en était l'auteur, le jeune Montesquieu a réussi dans les Lettres Persanes à travers les yeux de Rica et Usbek à faire à la fois une description pleine de recul des pratiques sociales françaises et une critique du système de l'Iran d'alors, la Perse. [...]
[...] L'éducation à l'origine du patriarcat Alors, quelle leçon pouvons-nous tirer de ce double constat d'un patriarcat destructeur tant en Orient qu'en Occident ? Ce qu'il manque en Perse et en France, c'est une éducation qui considère la femme en tant que sujet à part entière. En effet, on remarque que dans chacun des deux systèmes, la femme n'est pas considérée comme un humain actif, mais bien plutôt comme un objet ou comme un agent étranger. Là, elle est traitée comme si elle était dépourvue de toute volonté ; ici, elle est vue comme un être dont les seules motivations sont perverses et malicieuses. [...]
[...] Le mari n'a qu'une ombre d'autorité sur sa femme, le père sur ses enfants, le maître sur ses esclaves. La justice se mêle de tous les différends, et soit sûre qu'elle est toujours contre le mari jaloux, le père chagrin, le maître incommode. » Il n'y a a priori pas de domination de l'homme sur la femme et ce serait même l'inverse qui aurait lieu. Usbek le souligne notamment sur la question politique : « On se plaint, en Perse, de ce que le royaume est gouverné par deux ou trois femmes : c'est bien pis en France, où les femmes en général gouvernent, et non seulement prennent en gros, mais même se partagent en détail, toute l'autorité. ». [...]
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