Ce document est une lettre du cardinal Bessarion au Doge de Venise, Christophoro Mauro, chef de l'Etat depuis 1462 et au sénat, conseil de 200 nobles qui décide en matière de guerre, de paix et de politique extérieure. Elle fut écrite le 31 mai 1468 des bains de Viterbe, situés dans le Latium en Italie centrale et dont Rome est la capitale. Bessarion est un byzantin, prédicateur, nommé évêque de Nicée en 1438 lorsque l'empereur Jean VIII désire réunir l'Eglise grecque à l'Eglise latine et demande l'aide de ce dernier. A son retour de Constantinople, il est rejeté par les siens pour s'être rallié au camp des latins. Il retourne en Italie en 1439 et se soumet entièrement à l'Eglise de Rome. L'union des deux Eglises est prononcée au Concile de Ferrare en 1439, le pape Eugène IV pour le récompenser, le fait cardinal. De nombreuses missions diplomatiques lui sont confiées et il aurait pu être élu pape si son origine grecque ne l'avait pas rendu suspect aux yeux de certaines personnes.
Le contexte géopolitique de l'ensemble Méditerranée-Europe évolue beaucoup au cours du XVeme siècle en effet les turcs ottomans achèvent l'empire Byzantin en prenant la capitale, Constantinople, en 1453. Une partie des trésors de cette ville vont être rapatriés en occident, et notamment une série de manuscrits antiques que l'on avait oublié ou qui n'étaient connus que par des traductions arabes. Suite à cette conquête puis celle de Chypre, Venise amorce son expansion avec un retard par rapport aux autres villes de Toscane. Elle devient l'une des villes les plus réputées pour le commerce maritime; la cité est éblouissante, les finances sont saines et la République est politiquement stable.
Ici Bessarion la considère comme l'endroit "idéal" pour y abriter sa très riche bibliothèque et demande soigneusement l'aide au Doge Christophoro. A travers cette lettre, nous apprenons les diverses raisons de ce don si majestueux de 746 manuscrits dont 482 en grec et 246 en latin mais elle nous révèle également une Venise "flamboyante".
Nous pouvons donc nous demander en quoi cette lettre est-elle le symbole d'un renouveau de Venise? Nous verrons tout d'abord dans une première partie les prémices d'un nouveau mouvement: l'humanisme, puis dans une seconde partie une description assez idéaliste de la ville et de ses institutions.
[...] L'idée de Bessarion rejoint donc le souhait de ces derniers. Il désire que tous, tant Latin que Grec puissent accéder à ce savoir. Mais quelques différents les opposent au sein de la ville en effet Venise utilise la naturalisation, de préférence celle des Latins en leur donnant des avantages; les Grecs, eux, sont rabaissés au rang de "vilains" non libres. En réalité Bessarion sait très bien jouer de ses dons de diplomate et tente de trouver auprès du Doge des appuis en un homme qui croit dans le livre et dans son importance culturelle et politique, qui aiment le livre pour son contenu spirituel mais s'en sert aussi comme instrument de prestige et médiateur de messages culturels, politiques et diplomatiques. [...]
[...] Mais si Venise est selon si "flamboyante", c'est parce qu'elle est dirigée par un homme instruit: le doge Christophoro. La pensée humaniste de l'époque considérait que le sort des peuples dépendait de la formation de leurs dirigeants. Bessarion lui fait réellement un "éloge" de l'administration de la ville pour parvenir à ses fins. Une ville refuge: une ville attractive entre l'Orient et l'Occident Mais il voit en Venise également une ville attractive, le "point de chute" des étrangers. En effet Venise débute son expansion commerciale et attire de riches étrangers mais aussi des marchands, des artisans pourvus de capitaux et d'un savoir technique et ce par l'introduction de l'imprimerie en 1462, les imprimeurs accourent dans cette ville. [...]
[...] Ce don est un geste calculé de bonne volonté à un moment assez critique dans les relations entre Venise et la papauté. Venise se situe entre l'empire français et le Saint-Empire romain. De plus Venise, seule puissance chrétienne à résister devant le Levant se présente en héritière de Byzance. Venise reste l'espoir entre l'Orient et l'Occident, elle doit lutter sur les deux fronts (la terre et la mer) et ce don peut permettre de renouer dans un contexte de "guerre". [...]
[...] Il y a une volonté de s'instruire, de s'enrichir culturellement et moralement. Les livres sont un pouvoir à eux seuls: "si grande est la puissance, la dignité, la grandeur et pour ainsi dire la force divine des livres, que nous serions tous grossiers et ignorants si les livres n'existaient pas". L'humanisme vise à lutter l'ignorance, nous pouvons faire référence à Salutati, chancelier florentin qui affirmait que "s'instruire est le propre de l'homme et que les gens instruits sont plus humains que les incultes". [...]
[...] Lettre du Cardinal Bessarion au Doge Christophoro Ce document est une lettre du cardinal Bessarion au Doge de Venise, Christophoro Mauro, chef de l'Etat depuis 1462 et au sénat, conseil de 200 nobles qui décide en matière de guerre, de paix et de politique extérieure. Elle fut écrite le 31 mai 1468 des bains de Viterbe, situés dans le Latium en Italie centrale et dont Rome est la capitale. Bessarion est un Byzantin, prédicateur, nommé évêque de Nicée en 1438 lorsque l'empereur Jean VIII désire réunir l'Eglise grecque à l'Eglise latine et demande l'aide de ce dernier. [...]
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