Pour Spitzer, chaque fable est un petit organisme mû par ses propres lois comme par les lois universelles : la technique de la transition est une de ces lois universelles.
Chaque fable est un ensemble clos ayant sa structure propre, des proportions et des correspondances qui conviennent à son agencement particulier : c'est pourquoi il est impossible de découper une partie d'une fable.
Pour Spitzer; il n'y a pas de sentiment de la nature, de philosophie ; de morale en soi chez La Fontaine, ils n'existent qu'en tant que fonctions. Il est le premier à avoir appliqué à l'oeuvre d'art réduite cette idée d'organisme, de monade, à avoir senti dans les "actes divers" le souffle du "theatrum mundi", à avoir pressenti dans ces "modèles réduits" de l'art la loi de la création.
L'artiste est semblable à Dieu, il imagine un monde.
Mais Spitzer fait sa propre autocritique : il sait que le trait particulier qu'il dégage semble parfois exagéré, caricatural, amis c'est parce qu'il tente de cerner l'ensemble d'une création artistique à partir de points de détail.
Selon lui, il faut bien s'attaquer par un bout à un ensemble insaisissable a priori ; peut-être l'endroit où l'on commence importe-t-il peu, étant donné que les éléments complémentaires apparaîtront inévitablement aux yeux de l'observateur attentif.
[...] Pour Spitzer; il n'y a pas de sentiment de la nature, de philosophie ; de morale en soi chez La Fontaine, ils n'existent qu'en tant que fonctions. Il est le premier à avoir appliqué à l'oeuvre d'art réduite cette idée d'organisme, de monade, à avoir senti dans les "actes divers" le souffle du "theatrum mundi", à avoir pressenti dans ces "modèles réduits" de l'art la loi de la création. L'artiste est semblable à Dieu, il imagine un monde. Mais Spitzer fait sa propre autocritique : il sait que le trait particulier qu'il dégage semble parfois exagéré, caricatural, amis c'est parce qu'il tente de cerner l'ensemble d'une création artistique à partir de points de détail. [...]
[...] Une autre question abordée par Spitzer : La Fontaine a-t-il au cours de son évolution poétique transformé l'art de la transition? Y a-t-il une mutation entre le premier et le second recueil (1668, 1678)? Dans le dernier recueil, cette technique est pratiquée encore plus consciemment et dans des conditions plus difficiles. * Exemple : Les deux pigeons Sans la technique de la transition qui fixe le motif de l'inquiétude dans la pensée, et non celui de l'amour réciproque, La Fontaine ne se serait pas permis cette sortie personnelle : Hélas ! [...]
[...] Là encore le prologue d'un recueil de fables se fond avec la première fable de ce livre. La Fontaine met aussi souvent des paroles dans la bouche de ses personnages hypocrites qui dévoilent ainsi leur véritable opinion * Exemple : I Le Chêne un jour dit au Roseau : Vous avez bien sujet d'accuser la nature . Fin du discours : La nature envers vous me semble bien injuste Que le plus coupable de nous Se sacrifie aux traits du céleste courroux VII : . [...]
[...] Mais en fait, comme nous le montrera la suite de la fable, cette allusion n'a rien d'arbitraire. C'est justement quand La Fontaine semble se reprocher des écarts, des à-peu-près qu'il nous montre la voie, qu'il parle à propos. L'allusion à Jupiter n'a pas été superflue puisqu'il sera toujours présent à l'arrière-plan, et nous sentirons son ombre peser sur Mercure. On le retrouve finalement dans la moralité de la fin "Que sert cela? Jupiter n'est pas dupe". Jupiter, rabaissé dans l"'ample comédie", a justement un rôle très important dans cette fable et la transition ici étudiée ne menait donc pas de Jupiter à Mercure, mais de Jupiter à Jupiter : c'est donc Mercure qui est finalement l'élément arbitraire, de secours. [...]
[...] La technique de transition devient ici l'expression de la vision relativiste du monde de La Fontaine, de sa philosophie. Spitzer en conclut que tout l'art de la transition vient renforcer l'idée d'un La Fontaine maître en l'art de tout prévoir : c'est ce que pensait déjà Valéry dans Variété I en 1924 "Essai sur La Fontaine" "Prenons garde que la nonchalance, ici, est savante ; la mollesse, étudiée ; la facilité le comble de l'art. Quant à la naïveté, elle est nécessairement hors de cause [ . [...]
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