Tristan Garcia signe en septembre 2012 aux Presses Universitaires de France un petit ouvrage intitulé Six Feet Under, Nos vies sans destin. Né à Toulouse en 1981, Tristan Garcia est l'auteur de deux romans et d'un recueil de nouvelles publiées aux éditions Gallimard. Il a enseigné la philosophie à l'université de Picardie Jules Verne et publié en 2011 chez Puf un traité de métaphysique intitulé Forme et objet. Il travaille actuellement à l'écriture d'une série télévisée.
Six Feet Under est une série télévisée américaine créée aux États-Unis en 2001 par le réalisateur Alan Ball. Diffusée en première diffusion sur HBO en 2001, elle fut reprise en France sur Jimmy la même année et dura cinq saisons, de 2001 à 2005. La série met en scène le quotidien de la famille Fisher, propriétaire d'une société de pompes funèbres à Los Angeles. Après la mort du père, Nathaniel, ses deux fils, Nate et David, reprennent l'entreprise familiale. Nate entame une liaison tourmentée avec Brenda, une ancienne enfant surdouée ; David accepte peu à peu son homosexualité. Claire, leur sœur, termine ses études et Ruth, leur mère, essaie de s'émanciper de sa vie de femme au foyer. Au rythme des morts et des obsèques, l'existence ordinaire des Fisher et de leurs proches s'écoule et tous tentent de trouver un sens.
[...] Claire, leur sœur, termine ses études et Ruth, leur mère, essaie de s'émanciper de sa vie de femme au foyer. Au rythme des morts et des obsèques, l'existence ordinaire des Fisher et de leurs proches s'écoule et tous tentent de trouver un sens. Dans son livre, Tristan Garcia décortique le synopsis de la série ainsi que les ressorts psychosociologiques qui la sous-tendent. Une œuvre remarquable de clarté, de simplicité et d'originalité. Pour l'auteur, la série américaine Six Feet Under est ni plus ni moins l'équivalent des grands romans français, russes ou allemands de la fin du XIXe siècle. [...]
[...] Des discours émancipateurs, des langages justes, des vérités indubitables peuvent faire à nos vies du mal, les tisser de mensonges et les opprimer sous couvert de leur enjoindre d'être libres. Et des croyances absurdes, des idéologies risibles, des faussetés criantes peuvent provoquer en nous, à petite échelle, des vérités, de l'émancipation et du bien. C'est bien à l'exploration de ces effets microscopiques des discours dans l'existence qu'invite sans cesse le visionnage de Six Feet Under. La famille est moins conçue dans la série comme une origine, une structure naturelle ou un système de parenté et d'alliances, que comme un déploiement des individus et de leurs identités forgées par la transmission de valeurs et par l'affect. [...]
[...] Le travail exprime la société, montre Six Feet Under, tant qu'il permet à ses contradictions de se révéler et aux communautés de se rencontrer. Autre thème brassé par la série et analysé par Tristan Garcia : le couple et l'amour. Considérant le couple comme l'unité fondamentale mais non exclusive de l'amour, l'œuvre [ ] prend soin de délier cette unité de toute prescription sur un ordre naturel des choses. [ ] Le couple est la dialectique de deux individus qui s'aiment et non de deux appareils biologiques, mâle et femelle, qui transforment leur coït en institution sociale. [...]
[...] Et c'est au-dehors qu'ils saisissent le rôle qu'ils jouent au sein de leur famille. Ailleurs, Tristan Garcia fait remarquer que la philosophie de la série penche en matière de travail pour la petite entreprise familiale, à taille humaine, où les luttes de classes peuvent s'exprimer. Pas pour la grande entreprise financière aliénante qui fait de l'homme un robot, ni pour l'exercice d'une profession libérale, où l'on est trop seul La petite entreprise familiale apparaît comme le lieu de croisement des divisions humaines. [...]
[...] Garcia note que le sujet de Six Feet Under, c'est la chronique indie de vies, à travers des individus quoi sont sortis du XXe siècle et ne savent pas encore dans quoi ils ont fait leur entrée. Dévêtus des vérités, des croyances, des idéologies du siècle passé, ils nous apparaissent on pas comme des individus purs, mais traversés d'appartenances avec lesquelles ils tentent de se construire une identité propre. Il creuse plus loin le rapport entre individualisme et préoccupation de l'autre : Les individus de Six Feet Under ne cessent de se débattre avec cette équation : comment devenir soi, sans empêcher immédiatement l'autre de l'être ? [...]
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