"Il faut lire parce que cela ne sert à rien". Ainsi, d'après Charles Dantzig, le roman n'aurait aucun message ou enseignement à délivrer, il trouverait sa fin en soi. Pourtant de nombreux lecteurs lisent justement en vue d'apprendre quelque chose et pensent tirer profit de leurs lectures. De plus, il existe des romans dont le but précis est de transmettre un message au lecteur. C'est ce que remarque C.Grivel dans Production de l'intérêt romanesque : "Roman signifie exemplarisation, le roman prouve. Il constitue un discours parabolique, illustratif, donne à souscrire à un sens. Raconter suppose la volonté d'enseigner, implique l'intention de dispenser une leçon, comme aussi celle de la rendre évidente." Mais C. Grivel applique ici cette volonté d'enseigner à tous les romans, or il existe des romans dont le but premier n'est pas d'enseigner, même si par la suite le lecteur peut y voir un message. De plus, "L'art n'est pas une enveloppe aux couleurs plus ou moins brillantes chargée d'ornementer un message" (Alain Robbe-Grillet), prendre le roman uniquement comme un moyen de dispenser une leçon reviendrait en effet à rayer celui-ci du domaine de l'art. Or le roman fait bel et bien partie du domaine de l'art. Comment le roman s'y prend-il pour délivrer son message au lecteur ? Le roman contiendrait-il autre chose qu'un simple message ?
Nous verrons tout d'abord que le roman peut être un tableau illustrant une époque ou un mode de vie, puis que ce procédé constitue un moyen pour l'auteur de délivrer son message au lecteur. Enfin nous verrons que le roman est plus qu'un simple "manuel", qu'il ne vise pas seulement à dispenser une leçon.
I -a) Tout d'abord, dans de nombreux cas, le roman est un "tableau des moeurs séculaire", comme l'indique le marquis de Sade ; en effet, les romanciers peuvent décrire, illustrer tel ou tel aspect de la vie, d'un pays ou d'une époque, à titre informatif, en vue de transmettre quelque chose au lecteur (...)
[...] Dans ce roman, Hugo s'oppose avec véhémence à la peine de mort. Le récit du condamné n'est pas une fin en soi, mais juste un prétexte pour montrer la barbarie de l'injustice humaine. Par ailleurs, certains auteurs voulant instruire leur lecteur vont lui parler directement à travers leur œuvre. C'est ce qu'on appelle les intrusions ou infractions du narrateur. Celles-ci sont très nombreuses dans Jacques le Fataliste, de Diderot : "Vous voyez, lecteur, ( . )qu'il ne tiendrait qu'à moi de vous faire attendre un an ( . [...]
[...] Il vise d'abord à défendre une conception politique ou philosophique. Il est le genre romanesque le plus proche de la pensée de son auteur. Souvent il sert à dénoncer une injustice et s'opposer à l'ordre établi. On peut prendre pour exemple le roman de Victor Hugo Le Dernier Jour d'un condamné roman sous forme d'un journal qu'un condamné à mort écrit durant les vingt- quatre dernières heures de son existence dans lequel il relate ce qu'il a vécu depuis le début de son procès jusqu'au moment de son exécution, soit environ six semaines de sa vie. [...]
[...] Or si l'auteur veut délivrer une leçon, il semble nécessaire que ses lecteurs voient dans son œuvre une seule interprétation possible. Dans En lisant en écrivant, Gracq insiste sur cette liberté du lecteur de roman : " Quelle que soit la précision explicite du texte, c'est le lecteur qui décidera (par exemple, du jeu des personnages et de leur apparence physique). On peut prendre pour exemple Le crime de l'Orient Express, d'Agatha Christie, dans lequel un américain, Ratchett, est assassiné lors d'un trajet en train. Hercule Poirot va alors interroger chaque passager du train pour découvrir le coupable. [...]
[...] "Il faut lire parce que cela ne sert à rien". Ainsi, d'après Charles Dantzig, le roman n'aurait aucun message ou enseignement à délivrer, il trouverait sa fin en soi. Pourtant de nombreux lecteurs lisent justement en vue d'apprendre quelque chose et pensent tirer profit de leurs lectures. De plus, il existe des romans dont le but précis est de transmettre un message au lecteur. C'est ce que remarque C.Grivel dans Production de l'intérêt romanesque : "Roman signifie exemplarisation, le roman prouve. [...]
[...] C'est ce que l'on appelle le roman d'apprentissage. Ce sont des œuvres fictives dont le héros est au début du récit jeune et sans expérience. Au cours du roman, il va être confronté à différentes situations qui vont le faire "grandir " et acquérir maturité et personnalité. Le héros évolue socialement, moralement, intellectuellement, dans sa vie affective . A la fin du roman, il a acquis toutes sortes de connaissances qui font de lui un personnage averti et aguerri. Par exemple, dans L'Etudiant étranger de Philippe Labro, dans lequel un jeune étudiant part aux Etats-Unis après avoir reçu une bourse d'études, le personnage principal va apprendre les bons et les mauvais côtés de la vie : il assiste à la ségrégation de Noirs-Américains, il entretiendra une relation avec une jeune étudiante qu'il voit par la suite sombrer dans l'anorexie, et travaille également comme ouvrier agricole dans le Colorado. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture