Dans sa préface, l'auteur nous annonce que ses pièces ne sont pas, comme les Anciens pourraient le croire, des « bagatelles », car elles renferment une « morale utile ». Plus loin, Perrault dit aussi que « Partout [dans les contes] la vertu y est récompensée et partout le vice y est puni. » Pourtant, en lisant Le Petit Chaperon rouge, on peut se demander quelle est la morale à tirer dans le récit du massacre sanglant d'une « pauvre enfant » et de sa grand-mère.
Jean-Paul Sermain propose une explication à ce conte. Selon lui, l'apparente innocence de la fillette peut-être interprétée comme de la « complaisance masquée » (in Le Conte de fées du Classicisme aux Lumières ; 2005). Cependant, on peut se demander quel est le support, textuel (C. Perrault) ou visuel (G. Doré) qui est le plus explicite quant aux ambiguïtés de l'histoire.
On peut donc comparer le texte et son interprétation graphique en étudiant tout d'abord les apparences de la fillette, et ensuite analyser les détails qui discréditent sa pureté.
[...] Le Petit Chaperon pourrait donc se conformer à ces critères en jouant le jeu de la jeune fille sotte. De plus, on se demande jusqu'où pourrait aller l'énumération, car visiblement, le Petit Chaperon rouge n'a pas l'intention de s'arrêter, ayant détaillé la partie supérieure du corps, la partie inférieure, laissant de côté la partie médiane. On peut aussi interpréter l'énumération comme un jeu érotique, découvrant peu à peu chaque partie du corps. D'ailleurs, quatre des cinq sens sont ainsi représentés : le toucher (les bras le goût manger l'ouïe écouter et la vue voir C'est donc une découverte du corps du loup, assortie d'une certaine fascination du Chaperon, traduite par les points d'exclamation. [...]
[...] Aussi, le narrateur prend apparemment parti pour la fillette, car ses interventions ne sont pas toujours neutres. La petite fille est qualifiée de pauvre enfant Il est dit aussi qu'elle n'avait pas été mise au courant du danger qu'elle encourrait en parlant à un loup : La pauvre enfant ne savait pas [ ] Ce qui peut être interprété comme de l'inconscience est expliqué par le narrateur comme de l'ignorance. Par ailleurs, la fillette apparaît comme une victime parfaite. L'adjectif qualificatif de couleur, rouge n'est pas sans rappeler le sang et prévoit dès le début la fin sanglante et tragique du conte. [...]
[...] Ainsi, le conte est la métaphore de la vie. On pourrait attribuer à chaque lieu du conte une étape de la vie. La maison initiale symbolise l'enfance, avec bien entendu, la figure maternelle. La forêt, lieu de tous les dangers, représente l'adolescence, moment où l'on découvre la vie et où l'on grandit. Enfin, la maison de la grand-mère représente la maturité, le monde adulte. La jeune fille peut enfin battre de ses propres ailes, sans protection maternelle. On peut percevoir une légère évolution sur le visage du Chaperon. [...]
[...] Elle ne se rend pas compte du danger qui pèse sur elle et on peut percevoir des contradictions dans ses réactions. En effet, lorsqu'elle voit le loup pour la première fois, elle n'est pas effrayée de voir cet animal sauvage, noir, grand, poilu, toutes griffes et dents sorties. Ce comportement étrange est justifié par le narrateur par le fait qu'elle ne savait qu'il était dangereux de s'arrêter à écouter un loup C'est pourquoi il est curieux de lire quelques lignes plus loin, lorsque le Chaperon frappe à la porte de sa grand-mère et entend la voix du loup : Le petit Chaperon rouge [ ] eut peur d'abord [ ] alors qu'elle n'a fait qu'entendre la voix du loup. [...]
[...] De plus, elle a des occupations simples, elle cueille des fleurs, ramasse des noisettes Elle est proche de la nature et les fleurs sont les symboles de la pureté. On est donc attendri par cette petite fille qui ramasse un bouquet en allant chez sa grand-mère. C'est d'ailleurs la représentation de la petite-fille parfaite, attentionnée, qui mène une galette et un petit pot de beurre à sa grand-mère malade. Elle est soucieuse de sa santé et part aussitôt lui rendre visite lorsqu'elle apprend sa maladie. [...]
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