Le langage dramatique est un compromis entre la langue écrite et la langue parlée. Jean-Luc Lagarce dans Juste la fin du monde utilise ce procédé afin d'écrire une pièce théâtrale aux vers libres, contant l'histoire de Louis, un jeune homme d'une trentaine d'année. Ce dernier est de retour chez lui, après de longues années d'absence, dans sa famille, « pour annoncer, dire, seulement dire » sa mort prochaine. L'extrait que nous allons étudier se situe après l'arrivée de Louis dans sa famille, à l'acte II, des scènes 1à 3. Nous nous sommes posés la question suivante : dans quelle mesure pouvons-nous dire que l'impossibilité de communiquer des personnages se révèle à travers le langage dramatique ? Afin d'y répondre, nous verrons dans un premier temps de quelle manière se situe le langage dramatique chez Lagarce. Puis nous constaterons l'impossibilité pour les protagonistes d'établir une communication. Et enfin, nous verrons que le langage, étant voué à l'échec, entraîne une dislocation familiale.
[...] Le langage dramatique dans Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce Le langage dramatique est un compromis entre la langue écrite et la langue parlée. Jean-Luc Lagarce dans Juste la fin du monde utilise ce procédé afin d'écrire une pièce théâtrale aux vers libres, contant l'histoire de Louis, un jeune homme d'une trentaine d'année. Ce dernier est de retour chez lui, après de longues années d'absence, dans sa famille, pour annoncer, dire, seulement dire sa mort prochaine. L'extrait que nous allons étudier se situe après l'arrivée de Louis dans sa famille, à l'acte II, des scènes 1à 3. [...]
[...] Le langage dramatique remplace l'action : tout se joue dans la parole, et en fait, dans cet extrait, il ne se passe véritablement rien. La conversation est stérile car aucune chose n'est dite, sauf des reproches. La cellule familiale est éclatée, victime de trop de non-dit, les phrases n'arrivent pas à embrayer comme nous le prouve cet extrait de la réplique d'Antoine à l'acte II, scène 2 : je disais seulement, je voulais seulement dire et ce n'était pas en pensant mal, je disais seulement, je voulais seulement dire En plus du fait qu'il n'arrive pas à embrayer sa phrase, Louis l'interrompt pour tenter de le consoler. [...]
[...] Elle sert à attirer l'œil du lecteur, comme à l'acte II, scène lorsqu'Antoine dit Louis ? Jakobson écrit au sujet de la fonction phatique : il y a des messages qui servent essentiellement à établir la communication, à vérifier si le circuit fonctionne. [ ] Cette accentuation du contact (la fonction phatique) peut donner lieu à un échange profus de formules ritualisées, voire à des dialogues entiers dont l'unique objet est de prolonger la conversation. En effet, les réitérations servent à maintenir le contact avec l'interlocuteur. [...]
[...] Les interrogations sont émises dans l'unique but d'impliquer l'autre dans son discours, tel Antoine à l'acte II, scène 2 qui dit : Louis ! Ce que tu en penses, j'ai dit quelque chose de désagréable ? . Finalement, la scène demeure dans un principe de non bouclage, car les personnages ne se répondent pas, et les questions s'avèrent souvent être rhétoriques. Ainsi, malgré une volonté de la part de certains protagonistes de communiquer, cela n'aboutit pas car, pour discuter, il faut être (au minimum) deux. [...]
[...] Le langage dramatique semble permettre tout cela à la fois. Les personnages ne parlent donc pas comme les êtres de la vie quotidienne. On notera que la complexité du langage dramatique tient au fait qu'il est un compromis entre l'écrit et le parlé dont certains caractères sont, dans une certaine mesure, opposés. Jean-Luc Lagarce accentue la fonction phatique et métalinguistique à travers son œuvre comme nous allons le voir. Ces fonctions font partie des six fonctions dramatiques définies par Roman Jakobson dans Essais de linguistique générale. [...]
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