Synthèse type Baccalauréat portant sur le titre donné par Lampedusa à son roman publié en 1958, Le Guépard, et ses multiplicités d'interprétations. On peut confiner ce titre à la figure guépardesque de Don Fabrizio qui possède les mêmes caractéristiques que le félin, sans oublier que ce guépard est aussi le blason des Salina et donc, non plus métaphore mais symbole, en cette époque troublée. Finalement, ce document souligne l'intérêt du renversement des valeurs opéré par les nombreuses déshumanisations qui parsèment le récit.
[...] L'image du guépard incarne donc celle d'un animal carnivore, musclé et dominant les plaines arides, relation directe au caractère impulsif du grand singe blond Don Fabrizio. Le guépard n'est pas seulement une force de la nature mais aussi synonyme de raffinement de par la beauté de son pelage tacheté. C'est une autre caractéristique qu'il possède en commun avec le Prince, puisque celui fait preuve de coquetterie, se parfumant avec des fragrances importées ou refusant de porter son frac lors du premier dîner regroupant Angelica et son père, sachant que les invités ne pourront rivaliser avec son raffinement. [...]
[...] Cependant, Don Calogero est aussi un éléphant qui au lieu de contourner les obstacles grâce à la politesse ou à des compromis, comme sait le faire un agile guépard, défonce les obstacles qui se trouvent devant lui. On mettra donc en valeur chez Don Fabrizio son goût pour la réflexion, avant l'action, pour retourner la situation à son avantage. Ce Guépard parvient à percer les masques et les faux semblants de ses interlocuteurs comme le prouve son audience avec le Roi où ce dernier revêt le masque d'un souverain sévère lorsque Don Fabrizio ne lui donne pas les informations qu'il attendait. [...]
[...] Don Fabrizio est un personnage particulièrement travaillé et complexe autour duquel le roman gravite. C'est pourquoi le titre donné au roman semble être une allusion directe au Prince Salina et à ses multiples qualités guépardesques. Ainsi, nous pouvons distinguer tout d'abord, la force physique et la stature imposante du personnage puis le raffinement de ce dernier, qui n'est pas sans rappeler le beau pelage tacheté de l'animal éponyme. Finalement, les bonnes manières de Don Fabrizio ainsi que sa ruse rappellent l'aisance avec laquelle l'animal se faufile dans la savane. [...]
[...] On peut remarquer toute la subtilité de l'auteur qui fait des animaux des bêtes aux caractères humains et inversement. Bendico, personnage extrêmement important dans le récit est en quelque sorte un miroir de Don Fabrizio comme le révèle L'Addenda au Guépard, qui le dessine en chien colosse Il permet de mettre en valeur les sentiments de l'assemblée familiale alors qu'Angelica arrive au Palais en qualité de fiancée ou provoque, encore, la résurgence du souvenirs chez Don Fabrizio : le cadavre sous le citronnier. Inversement, on peut citer la scène du bal qui regorge de métaphores animales. [...]
[...] Le Guépard est aussi un roman, difficile à classer mais évoluant dans une époque historique précise. Ainsi le guépard qui donne son nom au roman est-il aussi un animal belliqueux, carnassier et l'atmosphère prédateur- proie peut nous amener à évoquer la conjoncture historique agitée dans laquelle évolue le roman. Lors des quelques scènes de chasse avec Don Ciccio Tumeo règne une étrange atmosphère de bonheur dans le massacre, de compassion humaine pour l'animal qui vient d'être mis à mort. Le guépard peut aussi devenir un emblême de courage et de sagesse car Don Fabrizio n'est pas dupe, non seulement il réalise que les résultats du plébiscite du 21 octobre ont été truqués mais il sait que la Sicile que Chevalier de Chevalley aspire à réformer est monolithique et appelée à rester telle quel. [...]
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