Le nom d'Harpagon vient du grec « harpage » qui signifie la « rapacité », « l'avidité », mais qui s'assimile aussi aux mots « rapine, rapt » et « pillage ». Le substantif est dérivé de « harpazô » qui peut se traduire par « enlever de force, ravir », puis « saisir à la hâte, s'emparer vivement de, saisir violemment ». Si on s'intéresse à l'origine latine du terme, on se rend compte qu' « harpago » signifie « voler », mais désigne aussi un « harpon » et un « rapace ». L'avare est donc assimilé à un prédateur.
Le nom propre est d'ailleurs passé dans le langage courant : « un harpagon » désigne un avare, méchant et cupide. L'avarice, dans ce sens désigne la cupidité insatiable, laquelle est associée à la violence.
Ainsi le titre quasi-éponyme de la pièce désigne le « caractère », le vice qui définit entièrement le personnage. Avarice vient du latin « avaritia » : il a le sens de « désir de garder l'argent amassé » ; et « avidité, soif d'accumuler de l'argent ». Harpagon va incarner, dans un portrait-charge où les conduites du personnage paraissent souvent peu compatibles, toutes les formes de l'avarice.
I) Un personnage obsédé par le désir de garder son argent pour lui-même.
A. L'avare :
- On remarque tout d'abord une unité des différents personnages autour du ressenti qu'ils ont envers Harpagon. Tous le pensent : Harpagon est un être avare. Valère le définit ainsi dès l'acte 1, scène 1 : «... l'excès de son avarice et la manière austère dont il vit avec ses enfants... » (p.14). Les propos de Cléante lui font écho : « Car peut-on rien voir de plus cruel que cette rigoureuse épargne que l'on exerce sur nous... » (1,2, p.19). La Flèche exprime aussi son mépris pour le père de son maître : « La peste soit des avares et des avaricieux ». (I, 3, p.23) (...)
[...] La cassette aux dix mille écus constitue ainsi le centre emblématique de l'intrigue. Harpagon la cache, lui rend visite, craint que quelqu'un ne cherche à la lui prendre, se la fait voler, et finalement renonce à toutes ses prétentions amoureuses et paternelles pour la retrouver. B _ Le ladre. Un personnage exclu de la société : La peste soit des avares et des avaricieux p.23). Le redoublement du terme par lui-même (avarice/avaricieux) dans l'insulte de la Flèche donne une valeur superlative à l'insulte, en même temps qu'il introduit une autre signification pour le mot avaricieux Ce sont des vilains et des ladres dit La Flèche p.23). [...]
[...] Quiconque a un Maître Jacques, chargé tout à la fois de l'emploi de cuisinier et de celui de cocher, n'a pas ordinairement deux laquais et un intendant. (Dossier GF, p.138) L'avare et l'amour On a reproché aussi à Molière d'en avoir fait un vieux barbon amoureux. Les frais que supposent un mariage et le choix d'une fille pauvre semblent créer une incohérence dans le caractère du personnage. Cependant, Molière crée toujours cette tension paradoxale chez ses personnages. Il leur confère ainsi une vérité humaine que la caricature ne produit pas. [...]
[...] Il est certainement le produit d'un prêt sur gages. Le prêt à intérêt : Les scènes 1 et 2 de l'acte II, qui font apparaître successivement Cléante l'emprunteur, et Harpagon le prêteur sont éloquentes. Le taux usuraire auquel Cléante obtient 15000 écus et le bric-à-brac que le prêteur le contraint à prendre pour compléter la somme en espèces, dont il dit ne pas avoir la totalité, accumule les marques des intrigues auxquelles se livrent les usuriers. Taux exorbitant, liquidation d'objets hétéroclites issus de prêts sur gages contractés ailleurs, garanties multiples exigées par le prêteur, et impuissance de l'emprunteur, acculé à accepter toutes les conditions qui lui sont faites, tous ces facteurs décrivent les pratiques usuraires du XVIIème siècle. [...]
[...] f la tirade de Maître Jacques (p.70-71) ) II Avarice et cupidité : l'usure ou la recherche du profit L'autre sens du mot avarice avidité, soif d'accumuler de l'argent est l'autre versant du vice d'Harpagon. Le terme implique alors le champ sémantique de la cupidité et de la convoitise. Harpagon n'est pas seulement un ladre et un avaricieux. Il cherche à faire fructifier son argent. Son personnage n'est donc pas le simple type traditionnel comique et caricatural de l'avare. Personnage contemporain de Molière : c'est l'usurier des temps modernes : Un certain nombre de signes le suggèrent. [...]
[...] - Lorsqu'il découvre que Valère est l'amant d'Elise, il les menace : Quatre bonnes murailles me répondront de ta conduite ; et une bonne potence me fera raison de ton audace. p. 112) Harpagon est dépourvu de tout sentiment. - Lors du dénouement, il abdique toute dignité, en acceptant le mariage de sa fille avec Valère, à condition qu'Anselme se charge de tous les frais de la cérémonie. Vous obligerez-vous à faire tous les frais de ces deux mariages ? ; puis . [...]
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