En quoi ce poème est-il emblématique de la littérature vietnamienne ? Dans quelle mesure résume-t-il cette littérature, en même temps que la société et l'histoire vietnamiennes ?
Le Kim-Vân-Kiêu apparaît en effet à la fois comme le témoin de l'influence chinoise sur la littérature du Vietnam (I), et le symbole d'une littérature proprement nationale, reflet de l'histoire (II), de la poétique (III) et de la société vietnamiennes (IV)
[...] C'est sans doute pourquoi elle est aujourd'hui le symbole de la littérature vietnamienne, objet de fierté pour tous les Vietnamiens, et objet d'étude obligé pour tous les écoliers. Les personnages du poème sont devenus des types représentatifs dans la société vietnamienne et leurs noms sont passés dans le langage courant. Ainsi, une Tũ-Ba désigne une proxénète, un Thuc-Sinh un viveur ou encore une Hoan-Thu une femme jalouse. In Kim-Vân-Kiêu, édition Gallimard/Unesco, coll. [...]
[...] Elle est sauvée par une bonzesse, et devient par la suite elle- même bonzesse. Après près de quinze ans de recherches, son fiancé Kim-Trong la retrouve dans sa pagode et la supplie de revenir. Se sentant indigne de Kim, Thuy-Kiêu refuse de se marier avec lui. Mais, sur les instances de ses parents et de sa sœur, devenue entre temps, comme elle l'avait promis, la femme de Kim, Thuy-Kiêu accepte finalement un mariage en blanc avec Kim, qu'elle n'avait jamais cessé d'aimer. [...]
[...] Toutefois, l'épilogue semble montrer que Nguyên Du, hésitant entre bouddhisme et confucianisme, penche vers ce dernier : il y recommande en effet de cultiver le bien pour lui-même : Considérons que toute chose ici- bas découle de la volonté du ciel. C'est le ciel qui, à chaque créature, assigne sa destinée. [ ] Mais la racine du bien réside en nous-mêmes. Cultivons cette bonté du cœur qui vaut bien plus que le talent (vers 3252- 3253). Ainsi, le Kim-Vân-Kiêu apparaît comme une œuvre originale. Ancrée dans la tradition classique chinoise, elle se nourrit toutefois de la culture populaire du Vietnam et de son histoire. [...]
[...] Ainsi, Xuân-Phuc et Xuân-Viêt, toujours dans l'introduction au Kim-Vân-Kiêu, font un parallèle entre Nguyên Du et Racine : Ainsi, Racine, semblant ignorer son temps, chantait les amours de Titus et de Bérénice. Mais il n'était guère difficile à ses contemporains de mettre un autre nom sous celui de la reine de Césarée. De même, l'arrière-plan historique est essentiel pour comprendre cette œuvre, profondément ancrée dans l'histoire du Vietnam. Le Kim-Vân-Kiêu est d'autre part intimement lié à la vie même de Nguyên Du. Nguyên Du est né en 1765 dans le village de Tien-Dien, province de Ha-Tinh (Nord Vietnam). [...]
[...] Il était le septième enfant d'un ancien Premier ministre sous la dynastie des Lê. Plusieurs membres de sa famille sont des lettrés ou des mandarins. A 17 ans, Nguyên Du lui-même passe l'examen triennal permettant de devenir mandarin, et reçoit le titre de tu-hai lui ouvrant une brillante carrière mandarinale. A cette époque, le Vietnam était déchiré par une guerre civile opposant deux familles rivales. Depuis le XVIIème siècle, le Vietnam était partagé en deux le long de la rivière Gianh. [...]
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