Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, 1990, thèmes personnels, thèmes familiaux, portée universelle, dénonciation, rivalité, institution de la famille, ressentiment, culpabilité, monologues, crises identitaires, références mythologiques, conflits familiaux
"Dans une famille, on est tous tributaires les uns des autres. Le malheur de l'un fait le malheur de tous" affirme Germaine Versailles. Toute crise au sein de la famille n'est autre que la manifestation d'un désordre intérieur et c'est ce désordre qui intéresse le théâtre (que ce soit le théâtre tragique ou comique). Jean-Luc Lagarce, écrivain et metteur en scène français, est l'auteur de la pièce présentée à l'étude intitulée "Juste la fin du monde" publiée en 1990.
[...] Finalement, cette universalité est justifiée par son caractère atemporel et par son but qui n'est autre que la dénonciation de l'institut familial. Cette œuvre pourrait être rapprochée des analyses freudiennes quant aux trois instances présentes chez l'homme : le surmoi représenté par la mort de Louis, le ça représenté par Antoine et Louis qui pourrait représenter l'inconscient. [...]
[...] La venue d'Antoine n'a fait que remuer le couteau dans la plaie, ravivant les tensions familiales, et a priori uniquement familiales puisqu'il est question de souvenirs collectifs et de rapport collectif. La famille est toujours et encore dans un cercle infernal de ressentiment et culpabilité. D'emblée, le fait que Louis arrive un jour dimanche n'est pas hasardeux. Ce jour-là est symbolique des réunions familiales. Néanmoins, malgré le fait que cette pièce est révélatrice des sentiments personnels de chaque personnage, qui n'évoque que les souvenirs familiaux et les rapports familiaux, cette pièce à une portée universelle (II). [...]
[...] Encore, on retrouve des phrases courtes qui accélèrent le rythme de l'œuvre, ainsi que des répétitions qui dilate le temps. Le temps fuyant accentue cet effet de flou. De plus, il n'y a pas de description du décor de la scène, sauf pour la maison d'enfance de Louis. L'auteur ne s'attarde donc pas à l'espace et non plus aux didascalies. Ce qui accorde au lecteur une grande liberté d'interprétation. L'œuvre n'est plus réellement figée dans le temps et dans l'espace. Donc, à travers de simples procédés littéraires, est mise en avant la portée universelle du texte. [...]
[...] Il serait intéressant d'étudier que dénonce cette universalité. Une finalité de dénonciation Finalement, cette portée universelle pourrait s'expliquer par les différentes sources d'inspiration de l'auteur et cette portée universelle en elle-même aurait une finalité de dénonciation Le théâtre de Jean-Luc Lagarce trouve ses sources dans des traditions théâtrales antérieures à son époque. Ainsi, ce n'est pas l'intrigue qui a toute son importance, mais plutôt les mots et leurs portées. Dès lors, on pourrait rapprocher ses œuvres aux œuvres de Beckett et Ionesco qui créent le théâtre de l'absurde et l'incommunicabilité entre les êtres. [...]
[...] Et cela accentue aussi le caractère personnel de la pièce. Ce qui est aussi intéressant dans cette pièce, c'est que l'arrivée de Louis a bouleversé tout un équilibre familial et a entraîné une crise identitaire successive des différents personnages de la famille. Pour la mère, c'est le retour d'un fils prodigue dont le départ reste méconnu, pour Antoine, c'est le retour du frère aîné, réactivant dès lors ses complexes. Pour Catherine, femme d'Antoine et Suzanne, de même, les crises identitaires se ravivent. [...]
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