pièce de théâtre, théâtre, Juste la fin du monde, littérature, Jean-Luc Lagarce, tragique
Jean-Luc Lagarce est un comédien, metteur en scène et dramaturge français né en 1957 et mort en 1995 des suites du sida. Il écrit la pièce Juste la fin du monde en 1990, une pièce dans laquelle il s'inspire en bonne partie de sa vie et notamment de sa condition de malade qui se sait condamné. La pièce raconte la visite de Louis chez sa famille qu'il n'a pas vu depuis plusieurs années.
[...] Nous nous interrogerons en quoi cette pièce se caractérise par une dimension tragique. Une crise familiale La pièce se caractérise tout d'abord une crise familiale, par une incapacité qu'ont les personnages à se faire comprendre, un peu comme dans les pièces d'Eugène Ionesco. Différentes figures de style caractérisent le caractère tragique de la crise familiale. Ainsi, lorsqu'un personnage reproche à Louis d'être parti, elle le fait sous la forme d'un chiasme : « ce n'est pas bien que tu sois parti/ parti si longtemps/ ce n'est pas bien ». [...]
[...] L'ironie permet une mise à distance face à des choses trop douloureuses en éloignant potentiellement les personnages les uns des autres cependant, en particulier Louis des autres membres de sa famille. En puisant avec courage et avec force dans son expérience personnelle, celle de la maladie, une maladie terrible qui marqua la seconde moitié du XXème siècle, celle d'une expérience familiale douloureuse, faite de non-dits, de violence implicite, de rivalité, de jalousie, Jean-Luc Lagarce nous a montré comment on pouvait donner au tragique une forme moderne. [...]
[...] Cette mise à distance permet notamment d'être moins affecté par la violence des événements et des émotions qu'ils suscitent chez nous. Louis, le personnage principal de la pièce y a très souvent recours. Cette ironie est présente dès le titre de la pièce puisqu'il y a quelque chose de contradictoire entre l'adverbe «juste» censé caractériser quelque chose sans importance et le syntagme nominal «la fin du monde» qui présente quelque chose évidemment de très grave. Cette association oxymorique présente donc une dimension ironique qui permet d'une certaine façon la dédramatisation que nous évoquions précédemment. [...]
[...] Ainsi, la pièce de Jean-Luc Lagarce est marquée par une dimension tragique très forte, tout d'abord par le caractère dramatique et inéluctable de la crise familiale. La tension familiale est sous -jacente et néanmoins très palpable. Cette crise familiale se caractérise en particulier dans la rivalité fraternelle à l'œuvre dans cette pièce de théâtre dans la relation entre Louis et son frère, entre l'intellectuel mondain parisien et le frère plus violent et impulsif. Enfin, ce qui caractérise souverainement le tragique est la présence de la mort, une présence obsédante dans la pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce. [...]
[...] C'est ce que l'on nomme la fatalité. Dans la tragédie antique, les personnages n'étaient que les jouets des Dieux qui les manipulaient et se débarrasser d'eux quand ils voulaient et comme ils voulaient, comme le personnage d'Homère, Ulysse, condamné à errer dans le monde entier, éloigné de ses proches, de son fils Télémaque, de la femme qu'il aime, de ses amis, de son village natal. Le personnage principal cherche à se détourner de la brutalité de sa mort prochaine. En termes psychanalytiques, nous pourrions dire qu'il se situe dans le déni. [...]
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