Théâtre, Molière, Stendhal, Julien Sorel, Le Tartuffe, Le Rouge et le Noir, 1936, comédie, littérature, élévation sociale, critique, Thibaudet, réflexion, Mme de Rênal, misogynie, faux dévots, société corrompue, aristocratie, religion, anticléricalisme, adultère, péché, hypocrisie, coquetterie, parallèle
"Tartuffe, comme Julien, c'est l'hypocrite avec du caractère." Cette citation de l'article de Thibaudet dans sa réflexion sur la littérature (1936), résume à elle seule la ressemblance entre les protagonistes des oeuvres Le Rouge et le Noir de Stendhal et Tartuffe de Molière. Julien et Tartuffe sont en effet deux hypocrites, arrivistes, décidés à s'élever socialement par les moyens les plus vils et joignant à leur masque de fourberie une formidable détermination.
[...] Autre point intéressant : Il n'apparaît qu'à l'acte III dans la scène II et est absent de presque tout l'acte V ; l'autre signe bien connu du manipulateur est de faire l'objet des conversations même lorsqu'il n'est pas là, ce qui est bel et bien le cas dans la pièce où les autres personnages ne cessent de parler de lui. Son rôle de conseiller spirituel s'avère bien plus dangereux que n'a pu l'être Julien dans son rôle de précepteur, tout compte fait. Julien est dissimulateur, mais pas tellement manipulateur, ou du moins, pas au point de causer des dommages irréparables. Il n'a jamais tenté de dresser Mme de Rênal contre son époux ou de l'éloigner de ses enfants. [...]
[...] Mais en dépit de ses titres, il n'a absolument aucune classe et aucune vraie valeur. Stendhal nous dépeint d'ailleurs sa grossièreté « la plus brutale insensibilité à tout ce qui n'était pas intérêt d'argent, de préséance ou de croix, la haine aveugle pour tout raisonnement qui les contrariait. » p.46 et sa misogynie « Voilà comment sont toutes les femmes, lui répondit M. de Rênal, il y a toujours quelque chose à raccommoder à ces machines-là.» p.58.M. Valenod se révèle quant à lui pire que Mr de Rênal. [...]
[...] Julien lui envie d'ailleurs sa gaîté, mais, par contre, lorsque Geronimo raconte son histoire de vie, il voit là un autre exemple de « fausseté », p.175. Sans le directeur de San Carlino, le talent du chanteur n'eût peut-être pas été découvert si vite Cependant, grâce à ce chanteur, qui ne vit que pour chanter, tout simplement, Julien s'aperçoit aussi qu'il pourrait toucher au bonheur avec Mme de Rênal. « Le bonheur serait-il si près de moi ? », p.175.Une autre scène au tout début du livre peut carrément être considérée comme une scène de comédie : La scène du tout début, où Julien se présente à la porte du manoir des Rênal pour son engagement. [...]
[...] »On ne sait ce que Tartuffe pense de sa propre manière de faire, s'il est hypocrite par commodité, ou s'il en ressent la nécessité. Julien a le mérite de faire preuve de quelques scrupules. « Ma vie n'est qu'une suite d'hypocrisies, parce que je n'ai pas mille francs de rente pour acheter du pain » p.344. Il voit comme une nécessité de cacher sa passion pour Napoléon, alors qu'il s'est « trahi par une irruption soudaine du feu qui dévorait son âme » p.31. [...]
[...] Lorsque Julien agit de la sorte avec Elisa, l'auteur commente, p.56 : « Il ne faut pas mal augurer de Julien : il inventait correctement les paroles d'une hypocrisie cauteleuse et prudente. Ce n'est pas mal à son âge . ». Tartuffe, quant à lui, est accusé par tous les personnages l'ayant percé à jour d'être prompt à la médisance, ne serait-ce que pour se donner une allure de prêcheur en prétendant les corriger et être le directeur spirituel d'Orgon. [...]
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