Littérature, Le journal de ma vie, Jacques Louis Ménétra, compagnonnage, tour de France, fonctionnement, organisation du compagnonnage, Daniel Roche
Le Journal de ma vie, de Jacques Louis Ménétra, est l'autobiographie de ce dernier. C'est un homme né en 1738, qui fait partie du monde des artisans au sein de ce que l'on appelle à l'aube de la Révolution française le Tiers État. Son autobiographie est considérée comme une mine d'or par les historiens. Il est vrai que dans la mesure où c'est la première autobiographie d'une personne de cette époque à ce niveau de la société d'Ancien Régime, c'est un écrit relativement précieux. Il nous apprend beaucoup de la façon dont vivait cette tranche de la population.
[...] Pour ce qui est du fonctionnement des compagnons, c'est assez complexe. Surtout quand on étudie le cas Ménétra. Comme tout métier, les différents secteurs du compagnonnage sont liés aux jurandes. Ce sont des associations de métiers qui légifèrent pour la profession. Pour ce qui est d'être compagnon, il faut soit acheter sa maîtrise (ce que fait Ménétra grâce à l'argent de sa grand-mère), soit à l'issue de sept ans de Tour de France, présenter un « chef-d'œuvre » – c'est-à-dire une pièce réalisée par l'impétrant lui-même (comme un meuble si on est apprenti en menuiserie) devant un jury de compagnons. [...]
[...] Le métier de vitrier, même s'il n'a pas beaucoup de prestige chez les artisans, reste incontournable dans le bâtiment. Il permet aussi des dérives artistiques avec le vitrail et l'originalité de l'auteur. Le compagnonnage est une « école » intéressante par sa façon de mener au métier. Cependant, cette communauté déchaîne les passions autant dans le bon que dans le mauvais sens. Ses origines religieuses la sauvent de l'interdiction. L'autobiographie de Ménétra reste un livre très intéressant malgré toutes les inventions de celui-ci, son côté ancien et subjectif, son authenticité nous transportent réellement sous l'Ancien Régime. [...]
[...] L'auteur annonce qu'il veut simplement raconter sa vie sans prétention, simplement nous restituer les faits sans jugement ni prise de recul sur sa vie. Il dédie d'ailleurs son livre à « son esprit », comme s'il écrivait pour lui-même. On peut donc penser que ce n'est qu'un modeste journal à des fins personnelles. Pourtant la vie de Ménétra n'a rien de banal. Sa vie s'apparente même parfois à celle d'un héros. Il rencontre des fantômes, participe à une orgie dans un couvent C'est un grand séducteur, qui sauve de nombreuses vies, on le prend pour un possédé par le diable tellement il travaille vite. [...]
[...] L'auteur se montre réellement passionné par son métier. Il s'intéresse beaucoup à l'art du vitrail et cherche constamment à améliorer sa technique. D'ailleurs il travaille à une période où l'on utilise de plus en plus du verre plat qui remplace l'usage du petit carreau. De Paris, il répand dans toute la Province les nouvelles méthodes d'installation et l'usage de nouvelles dimensions du verre. Les avantages sont une meilleure visibilité et une meilleure protection contre le froid. L'auteur participe à ce changement de méthode, et se montre même en faveur de la modernité. [...]
[...] Ainsi Pères et Mères gèrent ces auberges pour compagnons. C'est un lieu où l'on fait circuler des nouvelles, offre du travail et avance même de l'argent. Tout ceci donne aux auberges un caractère fondamental dans la vie de compagnon, mais aussi un caractère sacré. En effet, voler une Mère est un acte impardonnable chez les compagnons, qui amène de lourdes sanctions officielles et officieuses. Il est difficile de se faire une idée de l'importance de l'Église à travers ce livre, étant donné que son auteur est athée. [...]
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