Le 10 juin 1944, l'armée allemande perd des batailles, commence à fatiguer. Une division de soldats du Reich entreprend de regagner les villes du centre puis du nord de la France. Sur son chemin, animée d'une colère froide, d'une folie sanglante, elle choisit de décimer au hasard un village paisible du Limousin : ce sera Oradour sur Glane (...). Jean Tardieu (1903-1995), écrivain français, a travaillé aux Musées Nationaux puis chez Hachette après la guerre, à la Radiodiffusion française. Traducteur de Goethe et de Hölderlin, il reçoit le Grand Prix de la Société des Gens de Lettres en 1986. Difficilement classable, poète avant tout et surtout, il écrit aussi pour le théâtre (Théâtre de chambre) et travaille à la radio pendant une vingtaine d'années (Club d'essai). Il remet en jeu les conventions des genres et tente des expériences à propos du langage poétique et de sa relation avec le langage de tous les jours. Son poème "Oradour", composé en heptasyllabes, est une longue dénonciation de l'horreur nazie pour que chacun se souvienne, un grand cri de révolte, une plainte lancinante et retentissante, un hymne à l'innocence bafouée.
[...] Grâce au témoignage de Tardieu, Oradour ne mourra jamais, passera à la postérité bien après sa propre mort et celle de ses habitants. Oradour "vivait" (imparfait) et continuera à exister par le poème et par son hurlement retentissant "pour tous les temps" (futur). "deux yeux de petits enfants / ils ne me quitteront pas". Le poète reste traumatisé par ce qu'il a vu et entendu. B. Le cri du poème : "L'oeil étant dans la tombe et regardait Caïn" Certes, il y a le le "hurlement" de souffrance du village. [...]
[...] Jean Tardieu (1903-1995), écrivain français, a travaillé aux Musées Nationaux puis chez Hachette après la guerre, à la Radiodiffusion française. Traducteur de Goethe et de Hölderlin, il reçoit le Grand Prix de la Société des Gens de Lettres en 1986. Difficilement classable, poète avant tout et surtout, il écrit aussi pour le théâtre (Théâtre de chambre) et travaille à la radio pendant une vingtaine d'années (Club d'essai). Il remet en jeu les conventions des genres et tente des expériences à propos du langage poétique et de sa relation avec le langage de tous les jours. [...]
[...] Vengeance, ce massacre s'avère être un bon moyen de marquer les consciences, de semer la terreur et de réaffirmer la supériorité des Nazis . Cet acte génocide, dépassant l'entendement, exemple de la monstruosité humaine, choque encore aujourd'hui par sa barbarerie et sa férocité sans borne. Il se pose également, après les camps de concentration et la Résistance, comme le symbole des martyrs de guerre en France. Aucun des habitants ne sera épargné. Les hommes fusillés, les femmes et les enfants brûlés vifs dans l'église . [...]
[...] Un hymne rempli de douleur ? A. Comme une triste chanson qu'il ne faut jamais oublier Comme si ce nom paraissait obsédant, comme si le poète voulait le graver dans notre mémoire à tout jamais, "Oradour" réapparaît de façon incessante en début de vers, donnant son rythme au poème, tel le refrain d'une chanson triste ou une immense plainte. Afin de le mettre pleinement en valeur, l'auteur procède à des rejets en permanence, ramenant ainsi "Oradour" en début de vers. [...]
[...] Tardieu ne pardonnera pas, comme toutes ces âmes et comme nous tous. Seulement, par quel moyen peut-on se venger ? Par l'indifférence et non la violence. Notre vengeance se trouve dans le remords de nos ennemis, dans la passivité et dans ce cri de révolte pacifique qu'est le poème engagé : "la pire vengeance / haine et honte pour toujours". Il demeure frustrant de ne pouvoir que se lamenter, mais là est la solution la plus sage et la plus pénible à subir pour des monstres. [...]
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