Dans les Confessions, œuvre autobiographique écrite entre 1765 et 1770, Jean-Jacques Rousseau décide de montrer ce qu'est un homme « dans toute sa vérité ». Dans les livres I à IV il évoque ses vingt premières années.
L'extrait se trouve au livre I. Le jeune Jean-Jacques Rousseau est à Bossey chez le pasteur Lambercier en compagnie de son cousin du même âge. Accusé à tort d'avoir brisé les dents du peigne de Mlle Lambercier, sœur du pasteur et refusant d'avouer « un forfait » dont il est innocent, il reçoit les fessées sévères qu'on lui administre avec fierté. « Je sortis de cette cruelle épreuve en pièces mais triomphant » dit-il alors.
Le passage étudié se situe juste à la suite de cet événement.
Nous verrons comment, à travers la première injustice, vécue comme révoltante par un enfant (Rousseau lui-même en l'occurrence), le narrateur nous dépeint l'écroulement du monde de l'enfance et les répercussions de cet épisode sur toute une vie. Pour cela nous distinguerons quatre mouvements qui suivent la logique démonstrative du texte et ses procédés narratifs.
[...] Le substantif apparences est également lié à ce monde : ce sont eux qui s'y arrêtent. Ceci rappelle l'épisode également célèbre du ruban volé où les adultes jugent Marion sur les mêmes apparences sans chercher plus loin. Les possessifs me et mienne insistent sur son expérience tout comme le verbe de perception sentir qui peut ici être à double sens. L'hyperbole rigueur d'un châtiment effroyable s'oppose à crime que je n'ai pas commis pour créer un effet de contraste entre la punition et son innocence. [...]
[...] L'impression est forte : cinquante ans après il s'en souvient encore. D'ailleurs dans la suite du texte il dira que le sentiment d'alors est resté gravé dans [son] âme Avec derechef il engage à nouveau son innocence pour en renforcer l'effectivité. Je déclare au présent, renvoie à Rousseau adulte qui clame encore son innocence sur un mode hyperbolique avec l'expression à la face du ciel On a ici l'impression d'une scène judiciaire dans le cadre d'une forme de plaidoyer pro domo. [...]
[...] Les verbes ignorer et comprendre associés à une négation accentuent l'innocence de l'enfant incapable de saisir ce qu'on lui reproche et pourquoi on le lui reproche. L'affirmation au présent, le présentatif, l'adverbe de certitude et celui d'intensité ce que je sais très certainement soulignent la conviction que le narrateur veut faire partager dans une stratégie d'implication mise en place à l'égard du lecteur. L'expression qu'on se figure apparaît comme une invitation au lecteur à se mettre à la place de cet enfant innocent. Ici c'est Rousseau lui-même mais par l'utilisation de l'indéfini un caractère il se veut généralisant. [...]
[...] Jean-Jacques Rousseau, Confessions, Livre I 1765-1770 Explication Dans les Confessions, œuvre autobiographique écrite entre 1765 et 1770, Jean-Jacques Rousseau décide de montrer ce qu'est un homme dans toute sa vérité Dans les livres I à IV il évoque ses vingt premières années. L'extrait se trouve au livre I. Le jeune Jean-Jacques Rousseau est à Bossey chez le pasteur Lambercier en compagnie de son cousin du même âge. Accusé à tort d'avoir brisé les dents du peigne de Mlle Lambercier, sœur du pasteur et refusant d'avouer un forfait dont il est innocent, il reçoit les fessées sévères qu'on lui administre avec fierté. [...]
[...] La négation, associée à l'idée de l'injustice souligne encore ceci en démontrant qu'il semblait ne même pas se figurer que cela puisse exister. L'expression première fois marque un tournant, un bouleversement, ce qui est confirmé par l'expression hyperbolique : si terrible L'adverbe précisément va se focaliser sur les gens antécédent de la proposition relative, pour mettre en relief leur responsabilité. Et ces gens, ce sont les Lambercier, qui sont pour lui des modèles qu'il chérit et respecte Cette phrase, longue, qui ralentit le rythme va s'opposer sémantiquement et syntaxiquement à la suivante. [...]
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