Le jazz s'est développé dans un contexte ségrégationniste. Son histoire est complexe et souvent méconnue. Cet écrit, sous la forme d'un journal, décrit la naissance du jazz à travers l'histoire fictive d'un jazzman. Il fait référence aux grands lieux du jazz (la Nouvelle Orléans, New York, etc.), à ses grands noms (Kid Ory, Sydney Bechet, etc.), dans le contexte culturel et social de l'époque.
[...] J'ai voulu m'interposer, mais mon père m'en a empêché en me disant que dans ce genre de situation c'était toujours nous qui avions tort. Et alors ? De quoi devrait-on avoir peur, qu'on nous vire ? On trouverait un autre job, les usines ne manquent pas à Chicago. Mais une fois encore, je regrette de n'avoir rien fait juillet 1918 Hier, c'était la fête de l'indépendance des Etats Unis. Nous l'avons fêtée dans le Southside aussi. Nous avons joué dans les rues jusqu'au petit matin. [...]
[...] Tout a l'air mort, ce n'est plus comme avant. Storyville, pour moi, c'était le plus beau quartier de la Nouvelle Orléans : en plein cœur du Vieux Carré, le quartier français, avec tous ses bars, ses musiciens, ses tripots, son ambiance. C'était ça ma vie. Mais avec le pays qui est rentré en guerre, et la ville qui est devenue un port de guerre et tous les soldats qui y ont été mis en garnison, ces types de l'état major ont décidé que notre quartier représentait un danger pour le moral des troupes. [...]
[...] Et c'est la seule raison pour laquelle je reste dans cette usine. Je vais essayer de revoir Francky un de ces quatre, histoire de lui parler de mon projet de me rendre à New York. Peut-être qu'il pourra me donner un coup de main juillet 1918 Aujourd'hui, toujours le même scénario au boulot. Pas très intéressant que j'en parle. Par contre je suis allé dans le Southside après. Et j'ai vu Francky. Il a trouvé mon idée d'aller à New York sympa. [...]
[...] Il y a un quartier de jazzmen dans cette ville. J'irai, ne serait-ce que pour y retrouver un peu de ce que j'ai laissé derrière moi décembre 1917 Je suis allé dans le quartier noir ce soir : le Southside. Rien que ce nom me plaît. Il y a des gens du sud, qui se sont exilés comme moi. C'est étrange de voir comme la plus grande partie de notre communauté s'est retrouvée à Chicago. J'ai passé la plus grande partie de la soirée dans un bar, où j'ai écouté les gens jouer et chanter. [...]
[...] On a parlé de plein de trucs, musique, jazz, et racisme aussi. Pour Francky, c'est un peu comme pour nous : il y en a marre de toute cette tension, et le jazz nous permet de nous changer les idées. De nous exprimer. Et aussi d'être respectés, parce qu'on fait de la bonne musique. Francky était là l'année dernière, et je lui ai demandé pour les émeutes. Il en a été témoin, et d'après lui les gens ne voulaient pas de tous ces immigrants noirs. [...]
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