ISHIKAWA Jun est né au Japon en 1899, et a étudié le français à l'Ecole des langues étrangères de Tôkyô, où il a notamment découvert Paul Valéry. En 1923, il a écrit un premier article sur Paul Claudel, dans lequel commence sa longue réflexion sur la littérature et le langage, qu'il poursuivra tout au long de sa carrière.
Dès 1924, il mêle travail de traduction (L'Immoraliste d'André Gide par exemple) et enseignement du français à l'Ecole supérieure de Fukuoka, poste qu'il est contraint d'abandonner suite à sa participation à un mouvement d'étudiants socialistes.
En 1936, il est remarqué pour l'œuvre Fugen (Le boddhisattva de la Grande Merci), publiée en feuilletons. Il obtient en 1937 le prix Akutagawa (équivalent du Goncourt français) pour cette œuvre.
En 1938, Marusu no Uta (Le Chant de Mars) devient l'objet de la censure parce que profondément antimilitariste. Il publie de nombreux récits dans l'immédiat après-guerre, comme Yakeato no Iesu (Jésus dans les décombres) ou Ôgon densetsu (La Légende dorée) en 1946, qui élaborent des figures qui deviendront récurrentes dans des œuvres plus tardives et puissantes, comme Taka (Le Faucon) en 1953 ou Shion monogatari (Les Asters) en 1956.
Juré de nombreux prix et membre de l'Institut des arts, ISHIKAWA a écrit jusqu'à sa mort en 1987, laissant des œuvres marquantes comme Kyôfû-ki (Chronique du vent fou) en 1980.
Pourtant peu connu et peu traduit dans nos contrées, ISHIKAWA Jun, tout comme ses contemporains plus célèbres SAKAGUCHI Ango ou DAZAI Osamu, fait partie des auteurs qui ont particulièrement laissé leur empreinte sur la littérature japonaise de l'après-guerre, et influencé de nombreux écrivains de la deuxième moitié du XXème siècle.
Ce qui marque le lecteur en tout premier lieu lorsqu'il est confronté à une œuvre d'ISHIKAWA Jun, ce sont les extraordinaires qualités littéraires qui la composent. La beauté des métaphores, la puissance des mots qui dessinent un panorama extrêmement visuel permettent de mettre en scène des personnages au milieu de décors spectaculaires, magnifiques et en ruines. La force d'écriture d'ISHIKAWA transporte le lecteur qui ressent les sentiments ou sensations éprouvés par les personnages (comme dans Jésus dans les décombres, page 208 : « [...] il me semblait nager dans ma propre sueur ») dans des lieux extraordinaires, parfois privés de toute logique spatiale.
[...] Juré de nombreux prix et membre de l'Institut des arts, ISHIKAWA a écrit jusqu'à sa mort en 1987, laissant des œuvres marquantes comme Kyôfû-ki (Chronique du vent fou) en 1980. Pourtant peu connu et peu traduit dans nos contrées, ISHIKAWA Jun, tout comme ses contemporains plus célèbres SAKAGUCHI Ango ou DAZAI Osamu, fait partie des auteurs qui ont particulièrement laissé leur empreinte sur la littérature japonaise de l'après-guerre, et influencé de nombreux écrivains de la deuxième moitié du XXème siècle. [...]
[...] En conséquence, la lutte rebelle mène-t-elle réellement vers quelque chose de meilleur ? La libération finale n'est-elle donc qu'une libération relative, tout comme le faucon, libre parce que capable de voler, reste de toute façon enchaîné à la terre puisqu'il n'a d'autre choix que de se poser un jour ou de mourir ? Dans Les Asters, l'opposition des fleurs de l'oubli (belles-d'un-jour) et des fleurs du souvenir (asters) marque le contraste entre deux mondes, le premier, idéal, où les gens vivent d'un bonheur simple, et le second, où l'ambition règne en maître et où la prétention donne aux hommes la volonté de vaincre les dieux et de perdurer éternellement. [...]
[...] Muneyori (Les Asters) a-t-il été puni de son ambition par le Bouddha ou est-il lui-même devenu une forme de bouddha ? La seule œuvre dans laquelle on puisse à peu près sûrement affirmer que le personnage y est parvenu est La Légende dorée, dans laquelle l'homme atteint une tranquillité de l'esprit ; cette réussite est peut-être due au fait que son ambition est la moins haute, parmi celle des personnages d'ISHIKAWA. Quelle que soit la finalité de cette entreprise, le protagoniste doit toujours passer une sorte de rite symbolique et initiatique : acte sexuel avec la jeune fille dans Le Faucon ; mort du renard dans Les Asters ; rencontre de l'être aimé dans La Légende dorée ; enfin, rencontre et lutte avec le gamin crasseux dans Jésus dans les décombres. [...]
[...] Ainsi le contexte terrible de l'après-guerre et ses ruines sont-ils omniprésents dans Jésus dans les décombres ou La Légende dorée, étant la cause de la situation des personnages. Si les hommes tentent de résister à ce milieu, par exemple en créant des marchés ou des bars dans ces ruines, ils sont souvent broyés par cette Histoire impérative. Dans Les Asters, Muneyori tente également d'échapper au cadre historique et social, en refusant de perpétuer la tradition familiale qui voulait faire de lui un poète, et en choisissant une autre voie. [...]
[...] Dans La Légende dorée, si l'homme aimait la femme lorsqu'elle était vertueuse, c'est la transformation de cette dernière en femme aux mœurs légères qui le libère de son obsession. De même, aussi purs que soient l'apparence et les sentiments de la femme- renard Chigusa (Les Asters), c'est son rôle d'« espionne qui voit tout, entent tout et surtout rapporte tout qui permet à Muneyori d'atteindre l'apogée de sa force destructrice. Enfin, ISHIKAWA accorde également une grande place dans ses œuvres à certains éléments ayant une fonction symbolique, et qui donnent souvent le titre de la nouvelle. [...]
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