L'ironie et le pathétique dans "Madame Bovary" de Flaubert

Résumé du document

Dans une lettre du 9 octobre 1852, Flaubert a déclaré à propos de cette œuvre : « L'ironie n'enlève rien au pathétique, elle l'outre au contraire ». Discutez cette affirmation en étudiant l'ironie et le pathétique présents dans Madame Bovary de Flaubert.

C'est en 1856 que Flaubert a publié son œuvre éponyme, Madame Bovary. Celle-ci marque un tournant dans l'histoire littéraire. Maupassant a dit à ce propos : « l'apparition de Madame Bovary fut une révolution dans les Lettres ». On est témoin de la triste histoire d'une femme mal mariée qui, désespérée, va être amenée à tromper son mari puis, finalement, se suicider. L'écrivain dépeint les malheurs du vice à travers Emma mais aussi à travers les personnes qui l'entourent comme Charles, ses amants, Homais… Flaubert se joue de leur destin en employant le procédé de l'ironie qui peut provoquer à la fois rire (cynique) et sentiment pathétique. A première vue, on pourrait penser que s'il y a ironie, il n'y a pas pathétique, mais, dans une lettre du 9 octobre 1852, Flaubert a déclaré : « L'ironie n'enlève rien au pathétique, elle l'outre au contraire ». Nous allons donc nous interroger sur la manière dont se manifeste l'ironie dans l'oeuvre afin de voir si oui ou non, elle amplifie l'émotion du lecteur lorsqu'il lit Madame Bovary. Nous étudierons donc chaque partie dans cette optique.

Extraits

[...] A travers ces différentes situations grotesques, comico-tragiques ou encore satiriques, on peut constater que l'ironie peut avoir un double rôle qui entraînera différentes conséquences sur l'effet pathétique, c'est-à- dire que cela peut l'outrer ou non si l'on reprend l'expression de Flaubert. L'ironie peut ridiculiser les personnages d'où un effet comique. On les trouverait alors pathétiques mais dans le sens communément admis aujourd'hui. La distanciation que le lecteur peut avoir met un peu d'humour. Dans ce cas, l'ironie empêche le pathétique. [...]

[...] Cette ironie à la fois si présente et si absente, puisque difficile à percevoir, peut avoir un double impact sur le lecteur. Tout dépend de ce dernier. L'intérêt est donc dans le fait que chaque lecteur peut avoir sa propre interprétation de l'histoire d'Emma puisque chacun a sa propre sensibilité. Ainsi, certains pourront penser tout comme l'a déclaré Flaubert que l'ironie outre le pathétique Mais d'autres estimeront qu'au lieu de l'outrer l'ironie supprime toute forme de pathétique pour laisser place à une sorte de pitié grinçante et moqueuse, s'appuyant sur le grotesque et à la satire présente tout au long de Madame Bovary. [...]

[...] Durant sa triste vie à lui aussi, il n'a fait que subir les accès d'humeur de sa femme. On a plus pitié de lui que d'Emma car il l'aime profondément et ne veut que son bien, mais c'est impossible. Pour Emma, son mari est un raté elle va jusqu'à le mépriser, le haïr. Il est comme son bouc- émissaire. Si l'on peut hésiter sur le caractère pathétique d'Emma, on ne le peut pas pour Charles, à moins de le trouver aussi ridicule. [...]

[...] Ils ne se rendent pas compte du pathétique de leur situation et c'est en cela qu'on est attendri. Il est vrai qu'au fur et à mesure des pages, on prend pitié des personnages, ils nous touchent dans leur malheur mais aussi dans leur bêtise. C'est le cas de Charles, comme nous l'avons déjà vu. En effet, dans la scène de l'enterrement, le paragraphe descriptif évoquant toute sorte de bruit joyeux et des couleurs claires contraste ironiquement avec le désespoir du pauvre homme. [...]

[...] Dans cette œuvre, l'ironie et le pathétique sont très présents sous différentes formes. A travers les nombreuses marques de l'ironie présentes tout au long de l'œuvre, on comprend que Flaubert est un adepte de ce procédé. Il va même jusqu'à nous décrire une vie ironique en elle-même. La plupart du temps, l'ironie est une forme humoristique qui consiste à dire l'inverse de ce que l'on pense, tout en rendant évident que ce que l'on dit est en désaccord avec ce que l'on pense. [...]