Grâce à des procédés révolutionnaires, la structure dramaturgique chez Ionesco permet d'exprimer les hantises personnelles de l'auteur. Celui-ci montre que tout est un éternel recommencement dans un monde qui n'évolue pas, qui est désespérément immobile. Cette image de cercle infernal caractérise parfaitement l'état d'esprit d'Ionesco : l'obsession de l'enfermement, du piège (...)
[...] Une dramaturgie du vide donc, ou du moins vidée de tout ce qu'on avait l'habitude de voir au théâtre. La chute de l'histoire, où la grand-mère attrape un rhume, n'a d'autre intérêt que de refermer l'anecdote sue elle-même, en une composition circulaire qui sera celle de la pièce entière, de condamner ainsi la parole à une sorte de fonctionnement autarcique, coupé du réel, et de renvoyer au titre provocateur de l'œuvre, puisque le rhume en question n'a rien à voir avec le déroulement de l'histoire racontée. [...]
[...] Comme dans La Cantatrice Chauve, la composition d'ensemble est circulaire, le drame se terminant comme il a commencé. L'adéquation est parfaite entre cette structure d'encerclement et la situation dramatique, l'emprisonnement de l'élève, cernée, submergée par le savoir et la tyrannie du professeur. Le cercle est ici comme une sorte d'image de l'enfer humain. L'ultime dénouement reprend cet éternel recommencement, utilisé dans La Cantatrice Chauve : une nouvelle élève se présente pour la leçon. On note, une fois de plus, ce refus provocateur de la dramaturgie traditionnelle, renforçant cette idée de piège. [...]
[...] Dans La Leçon, la pièce a à peine commencée qu'une didascalie s'étire presque sue deux pages à l'intention du lecteur, afin de souligner la progressive émergence du bizarre. Elle impose deux transformations parallèles et contraires, aux personnages, suivant un double mouvement de gradation et de renversement. Des mouvements contrastés La Leçon : Accompagnant la circularité, ce double mouvement d'ascension et de chute est souligné par Ionesco. Après une première phrase de progression lente, l'exaltation cruelle du professeur monte jusqu'au meurtre, puis s'achève sur une brusque baisse de tension. [...]
[...] Grâce à des procédés révolutionnaires, la structure dramaturgique chez Ionesco permet d'exprimer les hantises personnelles de l'auteur. Celui- ci montre que tout est un éternel recommencement dans un monde qui n'évolue pas, qui est désespérément immobile. Cette image de cercle infernal caractérise parfaitement l'état d'esprit d'Ionesco : l'obsession de l'enfermement, du piège. Même si les premières critiques qualifièrent les œuvres d'Ionesco de barbares puisqu'elles prenaient le contre-pied de toute une culture théâtrale, celles-ci sont devenues à leur tour de grands classiques du répertoire moderne, jouées de façon ininterrompue, abondamment commentées et analysées. [...]
[...] Le vertige de cette spirale se manifeste enfin et aussi sur le plan vocal. Selon les recommandations de Ionesco, le débit du prof doit être de plus en plus abondant et rapide, et contraste ainsi avec celui de l'élève dont l'aisance locutoire diminue jusqu'aux troubles de la parole. Dans La Cantatrice Chauve, c'est bien une spirale qui entraînera la pièce dans une accélération progressive vers le paroxysme final. Non pas à vrai dire une accélération continue, mais des vagues successives, de crescendo en decrescendo, la parole, à l'intérieur des grandes scènes de conversations, étant tantôt rare tantôt hypertrophiée. [...]
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