Verlaine met en place une sensibilité nouvelle, où le primat est accordé aux sensations auditives (avec une prolifération de métaphores auditives)
Les deux figures tutélaires qui l'inspirent sont Hugo et Baudelaire à qui il voue un grand respect. Il est attiré par le caractère insaisissable de l'homme moderne Baudelaire.
Verlaine témoigne d'un vif intérêt artistique pour la vie, le présent : il a une volonté de rompre avec la poésie traditionnelle. Il partage avec Baudelaire un goût pour la provocation. Cette volonté de rupture se ressent à travers un travers de la langue qui se veut révolutionnaire. Ceci a d'ailleurs poussé nombre de lecteurs de Verlaine à trouver l'homme et l'œuvre ambigus.
Il existe un lieu commun qui consiste à l'opposer à Rimbaud et Mallarmé.
[...] 1ère face : chaleur maternelle, faculté immense de compréhension, apporte ce qui manque, initiatrice (pas toujours) d'un monde de plénitude inespéré. 2nd visage : mensonge, fausseté, équivocité, trouble, un peu diabolique, insensibilité (cf L'amour par terre où les trois derniers vers tissent le motif de la femme compatissante). Comment concilier cette figure double de la femme avec celle de l'homme ? L'enfance pourrait, en principe, représenter cette réconciliation, et rendre possible l'amour entre deux enfances : la femme fait de l'amant un enfant, et elle est elle-même comme un analogon de l'enfant, un être enfantin qui provoque de la tristesse : Ex : Ô triste, triste était mon âme, A cause, à cause d'une femme Ariette III Verlaine ressasse ici l'impossibilité du bonheur conjugal : il concède que l'échec réside dès le projet dans le fruit Les deux derniers poèmes de RSP[3] mêlent espoir et crainte à travers un regard rétrospectif il y eut un amour On peut y retrouver un mélange de cruauté et d'autodérision de la part de Verlaine à l'égard de l'amour. [...]
[...] Le premier et les derniers poèmes sont consacrés à la mort, cette figure éminente, obsessionnelle. La mort est liée à la femme, objet de peur, noyau obsessionnel. Elle peut causer de la souffrance ou de la délivrance car sa silhouette est redoutée. Verlaine n'a de cesse de tenter de l'approcher, comme lors d'un jeu d'amour. C'est ainsi que Verlaine s'oppose à Baudelaire. Il est frappé par l'impossibilité de trouver sa place : il est voué à l'errance, rien de neuf ne se profile à l'horizon, il est envahi par un sentiment d'abandon. [...]
[...] Ex : le faune tournoie au son des tambourins donc hors du sens. Ex : Bruxelles (RSP) : tournez, tournez, bons chevaux de bois L'image du tourniquet est le symbole de l'irréversibilité. La fête est très proche de la danse frénétique des fous (cf Dansons la gigue in Streets RSP, où la construction anaphorique parle du quartier de Soho à Londres). L'affolement est une expérience poétique, un mouvement qui tend à une déformation du monde (cf l'ivresse du délire dans Nuit du Walpurgis classique PS). [...]
[...] Les Poèmes Saturniens connaissent un très faible succès. Verlaine subit même la malveillance de Barbey d'Aurevilly qui les a jugés médiocres, et de Jules Renard qui a brossé son portrait (sous les traits d'un silène Jusqu'en 1890, Verlaine ne connaît donc qu'un succès moderne. C'est en 1890 qu'il est sacré prince des poètes Au début du XXème siècle, il connaît une grande faveur publique. André Breton, cependant, ne partage pas l'engouement commun pour Verlaine : il ne le juge pas à son goût. [...]
[...] Il invoque la fatalité pour expliquer son caractère et sa vie curieux. D'où l'image d'un destin supporté : Résignation Lassitude Et un goût pour les larmes et la plainte : mélancolie, tristesse. Mais la raison de cette tristesse n'est jamais expliquée. La tristesse envahit toutes ses idées : il se demande même s'il a été un jour poète. Le poète qu'il faut être/ et que j'ai dit-on été/ le puis-je, rester ? Il émet donc des doutes sur sa qualité poétique. Cette attitude a la constance d'une maladie. [...]
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