Etude sur le statut de l'intertextualité.
Est-elle processus, dynamisme de l'acte même d'écriture ? (position de J. Kristeva)
Est elle simple système de relation entre les textes ? (position de G. Genette)
Ou bien est elle l'unique affaire du lecteur ? (position de Riffaterre).
Le document qui suit se propose d'articuler les trois principales thèses pour obtenir une vision élargie du concept d'intertextualité qui reste une notion jeune et sans cesse modifiée.
[...] A l'image du catoblépas dont se sert Borges, elle se nourrirait d'elle-même dans un éternel recommencement, et les écrivains seraient inconsciemment ou non des repreneurs de matière textuelle, matière acquise lors de leurs lectures. Un texte simple produit de lectures, voilà qui ennuierait un Baudelaire, car il n'est plus question ici ni d'élection, ni inspiration géniale. Toujours est-il que la mention même de réécriture ouvre considérablement le champ d'étude. Il ne s'agit pas d'analyser un texte comme un électron libre mais bien plus comme composant d'un champ magnétique infini où gravitent ses pairs, le champ de la littérature. [...]
[...] Laurent Jenny, La stratégie de la forme Poétique, Mickaël Bahktine, Esthétique de la création verbale Gallimard J.L Borges, Tlön Uqbar Orbis Tertius Fictions, éd. Gallimard, coll. Folio, p24. [...]
[...] Et la découverte de cette stratégie est laissée au bon soin du lecteur qui se mue en détective dont la tâche est de mettre à jour les possibles hypotextes pour saisir tout à fait le sens d'une œuvre. Parce que l'intertextualité est finalement une affaire de lecture, puisque c'est les aptitudes du lecteur qui permettent sa reconnaissance. Ainsi, on peut affirmer qu'un écrivain n'écrit que parce qu'il réécrit que si le lecteur reconnaît des fragments d'autres textes au sein du livre qu'il lit. Cette nouvelle conception de l'intertextualité constituera le dernier mouvement de cette étude. J'aimeray quelqu'un qui me sache déplumer. Montaigne, Des livres II, 1O, Les Essais L'intertextualité pourrait donc être la seule œuvre du lecteur. [...]
[...] Tout livre pousse sur d'autres livres, et peut être que le génie n'est pas autre chose que l'apport de bactéries particulières, une chimie individuelle délicate, au moyen de laquelle un esprit neuf absorbe, transforme et finalement restitue sous une forme inédite non pas le monde brut, mais plutôt l'énorme matière littéraire qui préexiste à lui. J. Gracq, Pourquoi la littérature respire mal 1960, Préférences, Corti Gérard Genette, Palimpsestes, éd du Seuil p1. Julia Kristeva, Séméiotikè, éd du Seuil Gérard Genette, op. cit. [...]
[...] La prééminence accordée au rêve et à l'imagination créatrice ne pourrait souffrir une permutabilité des textes. Marquant l'émergence de l'individu, la poésie romantique met en avant l'expression, à la première personne, des sentiments et des états d'âme du poète. Elle ne semble avoir d'autre principe unificateur ni d'autre fin que le sujet lui-même. Celui-ci, fasciné par la complexité de son être intérieur, écrit moins pour un lecteur que pour y trouver un soulagement de [son] propre cœur dira un Lamartine. [...]
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