Hoffmann publie en 1816 les Contes nocturnes dans lesquels se trouve la nouvelle l'Homme au sable. Il est alors connu pour son apport dans le genre fantastique, relayant au second plan le merveilleux et le roman noir. Au XIXe siècle, plusieurs auteurs reprennent les thématiques d'Hoffmann : Sand, Balzac, Gautier… Comme le souligne Tadié, Hoffmann marquera la littérature française et Balzac ne manquera pas de se rappeler l'auteur allemand. En effet, alors que le XIXe siècle connaît de grands changements, tant sociaux que politiques, mais surtout scientifiques, Balzac écrit la nouvelle Sarrasine, qu'il publie en 1830. Dès lors, on peut souligner le lien qui l'unit au conteur allemand. Balzac va même jusqu'à l'énoncer lui-même, dans l'épigraphe du chapitre 1 de la première parution : « Croyez-vous que l'Allemagne ait seule le privilège d'être absurde et fantastique ? ». Quels sont donc les ressorts de ce fantastique dont Hoffmann a été le précurseur ?
[...] Hoffmann et Balzac s'interrogent et mettent en garde, afin de ne pas être dans la même (des)illusion que leur héros. On peut par conséquent poser comme double de Nathanaël le personnage de Sarrasine, et celui de Zambinella pour Olimpia, Balzac étant directement influencé par l'écrivain allemand pour sa nouvelle Sarrasine. [...]
[...] De la même façon, Sarrasine est dans l'illusion il n'a plus ses repères. Ces troubles proviennent d'un traumatisme ancien qui resurgit plus tard, sous une forme ou une autre. Et si l'on ne peut pas toujours clairement l'identifier, Nathanaël, lui, nous le livre : Dès lors l'image de l'Homme au sable se grava dans mon esprit d'une façon horrible. Les troubles de la conscience peuvent alors se manifester sous la forme du fantasme, scénario imaginaire figurant un désir inconscient, d'une manière plus ou moins déguisée. [...]
[...] Elle est un castrat, c'est-à-dire un être qualifié par sa fonction, son métier, son activité. Zambinella n'est rien d'autre que cela. Elle n'est ni une femme ni un homme, comme Olimpia n'est ni vivante ni morte. Cette dernière et Zambinella sont entre deux identités. Balzac emprunte à Hoffmann le rôle révélateur de l'être désiré. En effet cela remet en question les limites jusqu'ici considérées comme acquises. La vie et la mort, le masculin et le féminin, l'humain et le non- humain, le naturel et l'artificiel, entre autres. [...]
[...] Hoffmann avait donc avant Balzac soulevé ces questions d'idéalisation de l'être parfait mais non naturel, avait déjà montré l'inéluctable fin de leur amour trompé. Que le fantastique d'Hoffmann provienne des états intérieurs et que l'œuvre artificielle devienne l'objet chéri, cela amène à une triple réflexion au sein d'une époque perturbée que Balzac reprend dans Sarrasine. La première grande problématique de l'Homme au sable est la naissance sans généalogie. Pas de vrais parents, pas de descendance. Un automate a-t-il vraiment des parents ? [...]
[...] Il crie à Clara : Loin de moi stupide automate tandis qu'il s'éprend d'une machine sans s'en rendre compte. Il est dans la confusion, tout autant que l'homme du XIXe siècle qui voit ses structures s'écrouler. On remet en cause les principes essentiels car on découvre des possibilités inconnues avant que la science progresse. Jusqu'où la science peut-elle aller ? Quelles sont ses possibilités et quelles sont ses limites ? Si l'on peut imiter la vie, peut-on s'y substituer ? [...]
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