L’inspiration poétique de Pasolini

Thèmes abordés

Inspiration poétique, Pasolini, prix Viareggio, passion politique, marxisme, PCI, Italie

Résumé du document

En 1954, Pasolini écrit Les Cendres de Gramsci. Ce poème est véritablement celui qui le consacrera face à la critique, qui lui donnera la reconnaissance qu'il cherche. Étonnamment, même les communistes, qui seuls savent pour quelles raisons Pier Paolo a été exclu du parti, saluent la prouesse littéraire. Ils se mettent à vanter le génie du poète. Un prix d'inspiration clairement communiste, le prix Viareggio, lui est d'ailleurs attribué trois ans plus tard, en 1957.

Le poème est structuré comme une promenade dans le cimetière des Anglais de Rome, celui où sont enterrés les non-catholiques, comme les poètes britanniques Shelley et Keats. Gramsci y repose également, et Pasolini, qui aime aller se recueillir sur la tombe du fondateur du Parti communiste italien, imagine qu'il s'adresse à ses cendres.

Extraits

[...] Pasolini est travaillé par l'Émilie, région rouge Il évoquera Bologne communiste et consommatrice dans les lettres à Gennariello, un jeune lycéen napolitain de quinze ans dont il veut se faire l'éducateur imaginaire pour lui expliquer le miracle communiste bolognais tout comme il lui enseigne la marginalité, la sexualité, l'école, la télévision. Quel rôle ont les communistes à Bologne ? Ils ont eu une fonction conservatrice qui est celle qu'ils s'apprêtent à accomplir dans le pays s'ils sont acceptés ou s'ils peuvent le faire. Le corbeau accompagnera Pasolini dans la même direction critique contre tout bavardage révolutionnaire démagogique. La révolution n'est plus qu'un sentiment. De 1968 à 1970, Pasolini tiendra une nouvelle rubrique dans Il Tempo : commentaire, journal, correspondance avec les lecteurs. Le titre en sera évocateur : Caos. [...]

[...] Là réside le point de jonction entre les pensées des deux hommes. Juste avant sa mort, le 30 octobre 1975, Pasolini est interrogé à Stockholm par un journaliste. Il affirme encore une fois que c'est Gramsci qui a eu la plus grande influence sur lui : Gramsci est un grand écrivain, un grand écrivain, je le répète, un grand homme politique Gramsci a été un homme qui a eu un énorme poids sur la culture italienne. Par exemple, sur moi, il a eu une influence essentielle. [...]

[...] Un Gramsci bien sûr coupé de tous les appareils, d'autant plus libre que plus coupé du monde, réduit à une pensée pure et héroïque Cette filiation idéale est probablement la seule, en tout cas la seule aussi marquée, aussi répétée, affirmée, assumée, que Pasolini revendique dans ses écrits, peut-être avec celle de Rimbaud. Moi, je suis gramscien dit-il et écrit-il fréquemment. La politique d'un côté, la poésie de l'autre. Pasolini a opéré dans son œuvre une sorte de synthèse entre les deux activités. Mais a-t-il mis de la politique dans la poésie ou de la poésie dans la politique. Le débat reste ouvert, mais on peut remarquer à quel point il fut finalement assez peu pris au sérieux au cours de son existence sur la question politique. [...]

[...] Jean Duflot, Entretiens avec Pier Paolo Pasolini, éditions Belfond Jean Duflot, Entretiens avec Alberto Moravia, éditions Duflot Erich Auerbach est un philologue et critique littéraire spécialisé dans la littérature romane. Jean Duflot, Entretiens avec Pier Paolo Pasolini, éditions Duflot, 1970. [...]

[...] Il choisit la position courageuse par excellence, celle du désordre, c'est-à-dire l'ordre sans le pouvoir. Ouvrir les portes, sortir des églises ennuyeuses et falotes, constater la crise de la politique culturelle marxiste : tel est son programme. Le réalisme engagé est mort et à sa place le marxisme italien et non italien n'a rien su élaborer de nouveau Voir citer Marx comme Aristote face à l'évolution du monde m'exaspère tandis que la base est laissée dans l'obscurité de peur que sa fonction critique devienne corrosive Quant au PCI, il a gagné une position de prestige, toutefois je sens en lui la présence de ses fantômes : conformisme, stalinisme, patriotisme du parti, manque de critique, et autocritique purement verbale (1963). [...]