L'Incendiaire, Lorrain, Un Fou, Maupassant, folie et littérature fantastique, XIXe siècle
On le sait, au XIXe siècle, la médecine connaît un renouvellement et la clinique naît. Dès lors, l'enseignement se fait au chevet du malade. Il y a une nouvelle manière d'appréhender le savoir qui passe par le regard dans l'expérience pratique. Ainsi, dans la littérature fantastique, qui s'intéresse désormais à la folie, le regard prend aussi de l'importance.
Dans les nouvelles « L'Incendiaire » de Lorrain et « Un Fou » de Maupassant, le narrateur pose son regard sur le fou et invite le lecteur à faire de même en lui donnant accès à l'intériorité du malade.
En effet, dans « L'Incendiaire », le narrateur rapporte les paroles du fou qui lui raconte l'évolution de son état mental depuis son enfance jusqu'à aujourd'hui. Il ne pose donc pas seulement son regard sur l'incendiaire : il lui prête aussi l'oreille. On peut dire que narrateur est à la fois proche du psychanalyste puisqu'il recueille le témoignage du malade, et du confident puisque le fou lui fait confiance en lui livrant son histoire.
[...] Dans L'Incendiaire : L'exclamation : oh ! Ce fut affreux montre la souffrance que ressent le fou. De plus, le narrateur qualifie le fou de misérable Il lui inspire donc de la pitié. Le personnage s'écrit : J'avais peur de moi ! Il est en fait victime de lui-même. Plus exactement, de ce qui se passe en lui. Dans Un Fou : On voit que meurtre a le même effet qu'une drogue. Une fois accompli, il procure de la gaieté, une certaine légèreté et l'« ivresse Mais il semble impossible de s'en passer. [...]
[...] La réflexion sur la folie éclaire la littérature fantastique, ce qui les rapproche l'une de l'autre. En effet, la forme et le fond sont liés : aux deux niveaux, on retrouve les figures du dédoublement et de la dégradation. La nouvelle se révèle être le miroir de l'âme du lecteur où se reflètent à la fois ses désirs refoulés et sa hantise de la folie. Or, le reflet du lecteur, c'est le fou. Cela est représentatif de l'homme décadent de la fin du XIXe siècle qui, à la fois tenté par la corruption et culpabilisé par les valeurs religieuses imprégnant le Code civil, se trouve partagé entre des tendances qui le torturent et voit croître son angoisse de la folie. [...]
[...] De même, dans L'Incendiaire, le fou est porté par son imagination dans ses questionnements sur l'origine de ses visions. Il en vient à croire en une puissance maléfique qui le possèderait. Or, le lecteur peut lui aussi être victime de son imagination et croire, pendant un instant, à une présence maléfique qui habiterait le fou. Ainsi, ces deux nouvelles nous éclairent sur la folie en invitant le lecteur à étudier le cas de malades mentaux victimes de dédoublement ou d'aliénation de la personnalité. [...]
[...] En fait, il y a un décalage entre les a priori positifs qu'ont les gens sur le magistrat et l'altération qui a eu lieu dans l'intériorité de celui-ci. L'auteur semble montrer que l'homme doit se méfier de tout le monde pour conserver un peu de sa sécurité. Enfin, après le meurtre du pêcheur, le fou se rend à une soirée chez le préfet où on le trouve spirituel Là encore, ses collègues ne peuvent se douter des pensées du magistrat qui jubile de l'illusion. [...]
[...] Le rôle du lecteur et les effets de la nouvelle fantastique sur lui. La nouvelle comme un système de signes de la folie. Les titres. Au fil des lignes, d'autres signes sont à décrypter. La nouvelle invite à la réflexion. La question cruciale : Pourquoi ? L'incompréhension de la folie. Incompréhension du fou. La nouvelle inquiète le lecteur. La vulnérabilité de l'être humain. Le danger de l'illusion. la folie comme source de fantastique. [...]
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