"First Impressions" est le titre initial que Jane Austen avait donné à l'un de ses romans. Elle le changea plus tard pour Pride and Prejudice, soit Orgueil et Préjugés. Il n'est donc pas surprenant de voir le roman de Jane Austen et l'adaptation cinématographique de Joe Wright tous deux jalonnées de références à ces « premières impressions ». On peut les qualifier d'illusions si l'on considère l'illusion comme une croyance qui serait différente de la réalité. La question se pose alors de savoir dans quelle mesure la notion d'illusion est liée à la thématique et à la forme du roman de Jane Austen et du film de Joe Wright.
Il s'agit d'étudier tout d'abord l'illusion dans "Orgueil et Préjugés" sous la forme d'une non-concordance entre l'être et le paraître, puis de la considérer comme une méprise, une mauvaise compréhension de la réalité, afin de finalement démontrer à quel point l'illusion participe du nœud de l'intrigue.
[...] L'illusion que tout est positif Presque tous les personnages d'Orgueil et Préjugés se trompent dans leurs interprétations des événements et sont victimes d'illusions au moins une fois avant que la vérité ne soit rétablie. Cette illusion est parfois celle que tout est positif. Tous les Bennet, par exemple ainsi que les Forster dans le roman considèrent Wickham comme une personne aimable et ne penseraient jamais à remettre en question ses dires sur Darcy dont tous abhorrent l'orgueil. La seule à se méfier de lui et à mettre en garde Elizabeth dans le roman est Mrs Gardiner, la mère de substitution d'Elizabeth. [...]
[...] En effet, dans la scène où Darcy et Bingley sont à cheval d'un côté de la rivière alors que Wickham et les sœurs Bennet se tiennent de l'autre, la séparation symbolique de la rivière semble être non seulement celle de la classe sociale, mais également celle de la simplicité, de l'honnêteté et de la franchise. Les indices donnés au spectateur sont donc aussi trompeurs que ceux donnés par Wickham. Bien que l'illusion réside dans une opposition entre l'être et le paraître, volontaire ou non, elle est aussi liée à ceux qui se méprennent sur la réalité, au moins aussi responsables que les autres. II. [...]
[...] Jane, pour sa part, est le seul personnage qui n'accable pas Darcy, suivant sa tendance habituelle à ne voir le mal nulle part, évoquant la possibilité d'une explication logique à l'attitude de Darcy. Elle se trompe cependant à propos de Mr. Bingley et des raisons de son départ pour Londres, ou du fait qu'il ne veuille pas la voir lorsqu'elle y réside. Victime d'illusions, elle n'envisage pas la possibilité qu'il puisse ne rien savoir de sa présence. Pour en revenir à Mrs. Bennet, elle se trompe encore sur les intentions de Mr. [...]
[...] Qui plus est, Darcy et Elizabeth sont tous deux victimes de préjugés, et c'est seulement après l'anéantissement de leurs préjugés à tous les deux qu'ils pourront s'aimer Désillusion : faux espoirs réduits à néant Les illusions thématiques évoquées plus haut reposent parfois sur une réalité enjolivée. Il s'agit alors de voir ce qui se passe dans Orgueil et Préjugés lorsque les illusions disparaissent et laissent place à la désillusion, lorsque de faux espoirs sont réduits à néant. Au moment où Mr. Bingley quitte Netherfield sans prévenir Jane, tous ses espoirs s'envolent, l'illusion apparaît ici plutôt comme une désillusion. [...]
[...] Bennet perd tout espoir de marier ses filles lorsque Lydia fugue avec Wickham. Elle tombe malade et reste alitée pendant plusieurs jours. Elizabeth, quant à elle, perd progressivement ses illusions sur la nature humaine: The more I see of the world, the more I am dissatisfied with it. Cette disparition des illusions, des premières impressions peut malgré tout avoir un effet extrêmement positif Dés- illusion : rétablissement salvateur de la vérité La désillusion, où plutôt dés-illusion puisqu'il s'agit d'une sorte de désenvoûtement, jouera le rôle d'un rétablissement salvateur de la vérité. [...]
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