L'illusion comique, Corneille, Matamore, prototype, personnage, théâtre
L'illusion comique est une pièce exceptionnelle dans l'œuvre de Corneille et dans le théâtre du 17ème siècle. Elle a longtemps été considérée comme un jeu ou comme une œuvre étrange et mal composée. Dans cette pièce, Corneille met en scène des personnages qui se révèlent toujours êtres des rôles tenus par d'autres personnages. Le spectateur ici sait que Matamore est un fanfaron mais il ne sait pas que Clindor et Matamore sont des acteurs qui jouent leurs rôles.
[...] Nous suivons clindor dans son attitude ironique, nous suivons le discours de Matamore, non pour lui demander de se montrer crédible ou vraisemblable mais pour voir comment le mensonge initial parviendra à se maintenir jusqu'au bout de la scène. Le personnage ici, n'est donc pas comme dans la tragédie ou comme dans une comédie d'action celui dont les actes vont jouer un rôle, l'acte de Médée est décisif dans la pièce, de même les actes de Tartuffe sont décisifs pour l'intrigue. Ici les actions projetées par Matamore n'ont d'existence que dans le langage. [...]
[...] II)2) Corneille utilise ici un personnage de théâtre très ancien que dans la comédie latine on appelait Miles gloriosus c'es-à-dire soldat fanfaron. C'est un rôle très ancien et très répandu dans le théâtre de la première moitié du 17ème siècle, Corneille l'utilise sans rien modifier aux clichés qui permettent de le reconnaître. Cela permet précisément de distinguer les autres rôles et de démasquer les discours héroïques, sur les deux terrains sur lesquels s'exprime Matamore, celui de la guerre et celui de l'amour, on a put voir que souvent les propos de Matamore pouvaient être pris comme des citations de discours sérieux. [...]
[...] Matamore rend tous les personnages de théâtre difficile à interpréter : le héros, parce que dès qu'il parle, on peut le soupçonner de fanfaronnade, l'amoureux parce que toutes ses paroles peuvent apparaître comme des citations et des clichés et pour un personnage de théâtre la parole est tout. Certes Matamore n'existe pas vraiment par lui-même, il a besoin d'un public et quand il est seul il n'exprime que ses craintes, c'st pourquoi on peut vraiment se demander s'il n'est pas le prototype du personnage de théâtre. [...]
[...] D'une certaine façon, Matamore emploie le langage de la tragédie. Les vers 19 et 20 pourraient parfaitement annoncer une violente bataille se déroulant bien sûr en dehors de la scène. Ce qui limite l'interprétation du spectateur, c'est que Matamore, non seulement, fait allusion au passé beaux faits et au futur aux vers 28 et 29. Il y a aussi chez lui un usage du présent qui met le spectateur en situation de doute immédiatement, nous ne croyons guère au passé, nous doutons du futur mais le présent est franchement impossible à admettre, les vers 21 à 27 servent en principe d'arguments pour provoquer la crainte chez Clindor. [...]
[...] Dans cette pièce, Corneille met en scène des personnages qui se révèlent toujours êtres des rôles tenus par d'autres personnages. Le spectateur ici sait que Matamore est un fanfaron mais il ne sait pas que Clindor et Matamore sont des acteurs qui jouent leurs rôles. Clindor cherche toujours à voir jusqu'où son maître peut aller dans son discours. On peut dire de lui qu'il est provocateur mais il n'a pas grand mérite puisque Matamore prend au sérieux tout ce qu'on lui dit. [...]
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