L’illusion comique, Corneille. Acte IV, scène VII : Explication linéaire « Ainsi de tout côtés ma perte était certaine » v 1273 à la fin de la scène

Résumé du document

Symptomatique du courant baroque, l'Illusion comique se caractérise par une dramaturgie complexe. En effet, dans cette œuvre se mêlent une multitude d'intrigues, de personnages et de tonalités qui permettent de mettre en lumière les multiples facettes de l'âme humaine.
En mettant en scène un monde masqué régi par la prédominance des apparences, Corneille nous livre une allégorie de la condition humaine.
Dans l'extrait étudié (acte IV, scène VII), Clindor, après avoir tué Adraste, est jeté en prison et est condamné à la peine capitale. Corneille exploite une situation typique de la tragi-comédie (l'emprisonnement) pour ménager
Seul et confronté à la mort, il exprime les mouvements de son âme.
Ce monologue commence sur une certaine emphase tragico-lyrique laissant deviner son peu de sincérité.
Puis progressivement, une parole plus vraie se fait jour. Angoissé par l'issue funeste qu'il se représente, Clindor se retourne sur lui-même et sur le monde.
Son masque semble tomber…

Extraits

[...] Clindor commence une évocation lyrique & émue où il fait mention de l'existence à ses côtés d'un être particulier. Il s'agit d'une invocation à l'être aimé. Il s'adresse directement à elle dans des apostrophes redondantes : l'appellatif Isabelle & toi seule qui accentue le caractère unique de la jeune femme. Elle est la seule qui fait naître en lui une ardeur amoureuse sincère. Il faut rappeler que le puissant aiguillon qu'est le désir le rend inconstant au début de la pièce. [...]

[...] L'illusion comique, Corneille Acte IV, scène VII : explication linéaire Ainsi de tout côtés ma perte était certaine v 1273 à la fin de la scène Symptomatique du courant baroque, l'Illusion comique se caractérise par une dramaturgie complexe. En effet, dans cette œuvre se mêlent une multitude d'intrigues, de personnages et de tonalités qui permettent de mettre en lumière les multiples facettes de l'âme humaine. En mettant en scène un monde masqué régi par la prédominance des apparences, Corneille nous livre une allégorie de la condition humaine. [...]

[...] En fait, il se découvre sous un jour nouveau & poursuit ainsi son parcours initiatique. Sa rêverie apparaît comme une sorte de cristallisation de ses désirs. Dissipes ces terreurs et rassures mon âme ! 1290 Les deux verbes expriment la conséquence immédiate de cette passion. Son inclination pour Isabelle est source de repos et de consolation, elle le libère de ses craintes qualifiées de terreurs Son image sécurisante constitue une sorte de prisme qui écarte les mauvais songes. De plus, la ponctuation expressive traduit une nouvelle fois son émotion. [...]

[...] Ces visions fantasmées sont le fruit de sa profonde angoisse face à une mort certaine, disséminée le long de son cauchemar notamment les adjectifs funestes v 1281 & sinistres (qui fait craindre un malheur, qui est de mauvaise augure.) Je sors les fers aux pieds, j'entends déjà le bruit 1283 L'intensité dramatique est amplifiée par l'accumulation d'actions exprimées au présent ainsi que par le parallélisme du vers. Cette construction donne une impression de rapidité et crée un tableau vivant. Grâce à sa valeur de déictique, l'adverbe déjà contribue à l'actualisation de ce tableau et traduit l'amplification de la crainte et de la détresse du héros. Son état d'esprit est conditionné par la peur et ceci explique qu'il se met en scène dans une création subjective. Il s'imagine en route pour l'échafaud. D'ailleurs, la métonymie les fers met en lumière sa captivité. [...]

[...] Mais d'où vient que de nuit on ouvre ma prison? Ami, que viens-tu faire ici hors de saison ? La conjonction adversive mais introduit une rupture. En effet, le monologue de Clindor est interrompu par l'arrivée impromptue du geôlier caractérisé par l'appellatif ami C'est pourquoi les deux derniers vers ont une modalité interrogative traduisant l'interrogation & l'étonnement du jeune homme. Les termes antithétiques dans le second hémistiche on ouvre ma prison laissent entrevoir une lueur d'espoir quant à l'issue de Clindor. [...]