Caractéristique de l'illuminisme italiano : l'attitude réformatrice.
Les illuministi italiens reprennent les principes généraux et les orientations philosophiques et idéologiques élaborées par les illuministi français et anglais (tout en atténuant les critiques antireligieuses et matérialistes). La différence réside dans le fait que les Italiens sont plus dans la pratique que dans la théorie. Ce sont davantage des intellectuels réformateurs que des philosophes politiques. D'ailleurs les représentants majeurs de l'intelligence illuminée seront rapidement admis dans les rangs les plus élevés de l'administration. Ils dédieront tout leur engagement à la réalisation des programmes réformateurs.
Les états régionaux italiens sont impliqués dans l'urgence de réformes économiques, administratives et législatives. C'est pourquoi se développèrent les collaborations entre souverains et groupes réformistes locaux. Cela est encouragé par le contexte de politique réformatrice lié au despotisme illuminé des grands Etats européens tels que l'Autriche de Maria Teresa et de Giuseppe II. Une telle collaboration n'aurait pas été possible dans la République de Venise, le Royaume de Naples, ou bien dans le Piémont.
[...] Pourquoi tant de succès ? Le livre ouvrait la perspective d'un nouveau terrain d'entente entre les souverains et les philosophes dans la lutte contre les corps intermédiaires (magistrats et juristes, parlementaires). D'Alambert, Morellet et d'autres apprécient cette œuvre inspirée du Contrat Social de Rousseau et poursuivant les batailles que les philosophes menaient en vue d'une réforme du droit pénal. Voltaire (après être intervenus lors de différents procès (ex : Calas), écrit un Commentaire sur le livre DDP (1766) qui appuie le succès européen de Beccaria. [...]
[...] De Giuliani eut une expérience assez proche de celle de Carli (cf. p. 344) car tous deux étaient fonctionnaires publiques croyantes au despotisme illuminé et critiquant ensuite ce modèle politico-réformateur. Puis Giuseppe Gorani (cf. p. 344) La fin de la revue Appelés à prendre en charge des fonctions de prestige et de grandes responsabilités, P. Verri, Beccaria, Carli, Frisi et les autres doivent désormais penser à leurs carrières individuelles, ce qui amorce petit à petit la séparation du groupe et la cessation de la revue. [...]
[...] Seule une société d'hommes libres et égaux, une société fondée sur un contrat social peuvent prétendre avoir le droit de punir pretendere per sè Au lieu de refonder l'Academie, il se tourne vers la revue Estratto della Letteratura italiana ou Novelle italiane (1667 -1770) et fait de ce journal militant un instrument reprenant la bataille du Caffè. Il se dresse sans modération contre le retard de la culture italienne, le fanatisme et l'ignorance. En 1791, il est nommé dans la Giunta camérale chargé de la correction du système judiciaire, civil et criminel. Cette commission avait été créée par Léopold II afin d'adapter le nouveau code autrichien à la Lombardie, sur le modèle aussi du code toscan, et dans le respect des traditions locales de Milan. [...]
[...] Il rédige Del disordine e de'rimedi delle monete nello stato di Milano nel 1762. Il est important de noter qu'il a un tempérament anxieux, sensible et replié sur lui même. Sa méditation intellectuelle trouve son apogée dans son chef d'œuvre Dei delitti e delle pene (1763 -1764). Beccaria révolutionne toute la tradition juridique, posant à la base de son analyse la nette distinction entre délit et pêchée. La loi ne doit pas punir une faute, mais punir il danno che l'individuo ha recato alla società : a tale danno deve essere commisurata la pena, che non deve dunque consistere in una punizione ma nel risarcimento del danno stesso. [...]
[...] Aucun italien illuminé ne sut conjuguer comme P. Verri la pensée et l'action, l'élaboration intellectuelle du philosophe et le travail du fonctionnaire engagé à appliquer les réformes économiques [Son idéologie : il justifie l'explosion révolutionnaire comme réaction au caractère irréductiblement despotique de l'absolutisme, lequel niait toute forme de participation populaire à l'œuvre réformatrice. Il est néanmoins divisé entre l'adhésion aux principes révolutionnaires et la perplexité sur les moyens adoptés pour les réaliser]. Cesare Beccaria La rédaction du DDP et la collaboration au Caffè représentent un moment d'intense bonheur intellectuel et d'équilibre entre son inclination à la solitude et la participation au travail collectif (ensuite il sera plus isolé, sensible, émotif et paresseux). [...]
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