L'île des esclaves écrite en 1723 est sûrement sa pièce la plus hardie dans le domaine des rapports maître/esclave. A ce propos, un critique a dit : 'c'est un jeu qui n'est pas sans enjeux'. 'Jeu' connote le divertissement, la légèreté, la plaisir sans gravité. Mais, 'enjeux' implique une mise, un risque de gagner ou de perdre, des conséquences. Quels sont les jeux ? Quels sont les enjeux ? Quel est le véritable dessein de la pièce ? Quel impact cette pièce peut-elle avoir sur la société du XVIIIe siècle? Tout d'abord nous essayerons de relever les différentes sortes de jeux dans l'île des esclaves, avant de nous intéresser aux enjeux qu'elle peut impliquer
[...] Mais, sur cette île, il n'en va pas ainsi leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres, ou de les jeter en esclavage ce sont les maîtres qui sont réduits en esclavage et les valets qui prennent leur place. En échangeant les rôles, Marivaux donne aux valets le droit à la parole et l'occasion de critiquer ouvertement les abus de pouvoir des maîtres. Arlequin et Cléanthis revendiquent avant tout leur droit au statut d'être humain et au respect. [...]
[...] La troisième étape est l'acceptation de la véracité des dires des esclaves devant Trivelin. Cela ne va pas sans mal, tant ils sont imbus d'eux-mêmes. Ils ne se reconnaissent pas dans ces portraits peu flatteurs et même franchement ridicules, et n'acceptent au départ d'en convenir que dans l'espoir de se tirer d'affaire voulez-vous que je m'avoue un ridicule ? (sc5). La quatrième étape de la thérapie est la souffrance. Ressentir la douleur d'être rabaissé, avoir perdu leur rang et leur supériorité leur cause un grand désespoir et une détresse morale. [...]
[...] Toujours content de lui, il s'applaudit lui-même (sc6). Son comique est avant tout basé sur le visuel. Les maîtres sont montrés sous leur plus mauvais jour. Leurs défauts sont décortiqués, leurs petites manies étalées au grand jour. Ainsi, le portrait fait par Arlequin d'Iphicrate est peu flatteur : bon emprunteur, mauvais payeur ; honteux d'être sage, glorieux d'être fou ; un petit brin hâbleur ; avec tout plain de maîtresses qu'il ne connaît pas : voilà mon homme (sc5). Tandis que Cléanthis se moque copieusement d'Euphrosine, de sa vanité, de sa coquetterie il faut l'avouer, Madame est une des plus belles femmes du monde. [...]
[...] Marivaux est très exigeant quant au jeu des acteurs et utilise de nombreuses didascalies par souci de précision. Il utilise toutes les ressources de mise en scène du théâtre comiques tels chants, changement de costume, comique visuel, langage précieux, parodie, exagération, mimiques, intonations Il joue de la maladresse et de la naïveté d'Arlequin, de la coquetterie et de la préciosité d'Euphrosine, de la susceptibilité d'Iphicrate et de l'ironie de Cléanthis envers sa maîtresse. Pour renforcer l'effet comique, Marivaux met une touche d'incongruité par quelques anachronismes, en opposant l'époque de la pièce, sensée se passer sous le Grèce Antique et le XVIIIe siècle, par exemple : la ruelle du lit d'Euphrosine, les gants qu'elle veut changer pour faire admirer ses mains, la rose qui lui cause des vapeurs la bouteille de vin d'Arlequin qui remplace l'amphore (sc1). [...]
[...] Ce processus a plusieurs étapes. Tout d'abord, ils doivent accepter de regarder la vérité en face et se connaître sous leur vrai jour. Tellement habitués à paraître sous l'aspect qui les avantage le plus, les maîtres ont beaucoup de mal à supporter les révélations de leurs valets. Ainsi, Euphrosine supplie Trivelin de la dispenser d'écouter son portrait brossé par Cléanthis. Mais, Trivelin l'y oblige car l'humiliation est la deuxième étape du processus elles humilient un peu, mais cela est fort bon. [...]
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