Toute représentation théâtrale de la guerre entraîne nécessairement une prise de position ne serait-ce que dans la structure de la pièce, et, plus encore, dans le choix des personnages, de leur destin, des thèmes et, parfois, de la morale à l'œuvre ; la représentation de la guerre, en tant que discours sur la guerre ( et non présentation de la guerre, comme conflit armé ), porte nécessairement avec elle une prise de position critique, marquée par des instruments idéologiques ( concepts ). L'idéologie est donc présente partout en tant que discours premier motivant les prises de position théâtrales. Comme le note Paul Bénichou en conclusion de Morales du Grand Siècle : « C'est la définition même de l'homme social d'être idéologue, parce que c'est une loi de toute société d'être une organisation, et une organisation discutable, qui ne vit qu'en se justifiant. » Etudier l'idéologie à l'œuvre dans nos pièces, c'est finalement retrouver les moyens qu'à chaque auteur de « régler ses comptes » avec la société à laquelle il appartient. Rappelons nous Clausewitz : la guerre est une continuation de la politiques…
On s'apercevra assez nettement que d'Eschyle à Genet, l'autojustification se fait de plus en plus floue jusqu'à ne plus contenir de propos moraux. Parallèlement, nous verrons que les pièces diffèrent largement dans l'option idéologique qu'elles présentent :elle est soit politique ou morale, soit dramatique selon qu'elle s'adresse à un public citoyen ou à un public de théâtre. L'idéologie répond soit à des choix concernant la cité soit le monde du théâtre.
Nous essaierons donc de comprendre les mécanismes idéologiques à l'œuvre dans nos textes, en cherchant plus particulièrement à dégager le degré d'adhésion de l'auteur et de sa pièce à l'époque et la société à laquelle il appartient. Du coup, aucune de ces œuvres ne peut s'étudier sans qu'on recourt à l'outil politique ni sans recours final à la morale, clé de voûte de toute écriture.
[...] triompher de tous les dieux ! encore, du même : Là les attendent les suprêmes souffrances à subir en rançon de leur démesure et de leur arrogance impie Quand on est mortel, on ne doit pas nourrir visées exorbitantes : car la fleur et le fruit que porte Démesure, c'est Aberration. Ces concepts (preuve en est les majuscules) sont définitivement grecs et témoignent d'une réappropriation idéologique dans l'interprétation de la défaite (refus de la simple explication stratégique) l'impiété : comme dans l'exemple précédent, l'impiété est souvent avancée pour justifier la défaite et rappeler les impératifs religieux à l'ordre : . [...]
[...] Ils sont pris dans l'engrenage du mal, de la destruction pure, sans motif autre que la disparition de l'espoir, du changement > extrémisme et définition essentialiste du tragique. : il n'y a que des morales personnelles, c'est à dire des intérêts distincts. [...]
[...] Les conditions de réalisation de l'écriture A. Le moment de l'écriture et le rappel des faits historiques réels Eschyle : les Perses sont une tragédie d'actualité : la victoire de Salamine, au moment de la première représentation, datait seulement de huit ans. La victoire grecque est apparue à leurs yeux mêmes comme un miracle puisqu'Athènes avait été prise. On remarque que, dans la pièce, il n'est jamais fait allusion à cet épisode politique que l'on peut alors qualifier de traumatisant, voire de refoulé. [...]
[...] Idéologiquement, cela équivaut-il à une reconnaissance de la vanité de la guerre ? (à débattre) : V Hot Oh, je pourrais prophétiser / N'était la main terreuse et froide de la mort / Qui pèse sur ma langue. Non, Percy, tu es poussière / et pâture pour Prince (finit sa phrase) : Pour les vers, brave Percy. Malgré les premières paroles de Hotspur, qui se plaint de la perte de sa gloire après qu'il eut été vaincu par le Prince, il semble que ses derniers mots renvoient à cet humanisme minimaliste qui constate que les actions et la gloire ne valent rien devant la mort. [...]
[...] Le combat fut acharné, sanglant, longtemps indécis. Durant trois heures, la lutte s'était poursuivie avec des fortunes diverses, lorsque Hotspur fut tué. Le prince héritier, aux côtés de son père, avait fait preuve d'un grand courage. Blessé d'une flèche au visage, il avait refusé de quitter le champ de bataille et resta en ligne pour soutenir le moral des troupes (chronique d'Holinshed sont on retrouve le motif V,4 : Harry blessé, refuse de quitter le champ de bataille). Il semble que les modifications apportées par Shak, à cet égard, témoignent plus d'intentions dramatiques (souligner les oppositions en opposant Hotspur à Henry) que d'intentions réellement politiques. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture