Beaucoup de textes ont été écrits au cours de la période coloniale en Afrique. L'histoire, celle qui se crée et qui évolue, a retenu de nombreux noms comme représentants de ce mouvement. Ce dernier a été provoqué par l'impossibilité d'accepter ce qui était alors en train de se passer. La stigmatisation, la ségrégation et l'anéantissement systématique et minutieux de leur culture étaient trop d'éléments qui justifiaient un cri et une révolte. Les œuvres contestataires, dans le sens où elles souhaitaient voir un changement, étaient alimentées par l'auteur ou le poète, celui qui met son art au service de la cause qu'il défend. Leurs identités se mêlaient pour faire progresser, faire un pas supplémentaire vers l'objectif fixé. Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas, Mongo Beti, Ferdinand Oyono, tous ont écrit dans l'intention de renverser les acquis. Ils avaient des choses à dire et ils ont chacun utilisé le support qui leur convenait pour se faire.
Ce que les auteurs sont, comment ils le sont devenus, les choses qui ont émaillé leur vie, tout cela forme leur identité. Cette identité est mise au service de l'œuvre, elle-même au service d'un mouvement. Néanmoins, la biographie d'un auteur n'est jamais suffisante pour expliquer ses textes. En se penchant sur ces derniers, on peut remarquer la structure en miroirs mise en place. Les sociétés et les personnages à l'intérieur se tendent des miroirs, et certains ne peuvent supporter ce qu'ils y voient. L'achèvement ou le commencement de ce mouvement se trouve dans la révolte. L'insoumission à ce qui est établi, proposer quelque chose de différent, basé sur une pensée elle aussi différente. C'est le but que s'est donnée la littérature opposée au système colonial français.
[...] Le paradis pour lui et les siens perdus n'est pas la photographie que l'on peut voir sur les cartes postales représentant les Îles, avec les palmiers et les sourires ravis, mais bien l'indépendance de la culture, l'histoire et les us d'un pays, totalement affranchi d'un autre, de tous les autres. Ce miroir que présente Césaire, personne ne peut le briser, ni même l'ignorer. Il a pourtant, lui aussi, le goût du vrai, amer. Mais personne ne le brise parce que personne n'est au-dessus du poète, il n'a pas à répondre à une autorité, il est libre de dénoncer, de critiquer et de se rebeller. C'est un droit qu'il prend par son art. [...]
[...] L'histoire part d'une rébellion, sans ce refus initial de l'autorité paternelle, il n'y aurait pas eu de roman. Toundi refuse les violences de son père comme étant iniques. À partir de là, il décide de partir vers un ailleurs et sans doute, quoique cela ne soit pas précisé, un ailleurs plus juste, s'il existe. La deuxième rébellion est une rébellion ratée. Une amorce qui, par manque de courage, d'honnêteté avec soi-même et d'intelligence, échoue avec de lourdes conséquences. Il s'agit de celle du commandant, lorsqu'il sait que sa femme le trompe. [...]
[...] Son reflet change de place quand la femme du commandant arrive. Elle sera son reflet. Néanmoins, la gentillesse et la bonté apparentes s'effacent sous la crasse de la culpabilité, de la tromperie et du déni. À partir du moment où le commandant pardonne une nouvelle fois les écarts de sa femme (nouvelle preuve de faiblesse, ils le savent tous, faiblesse impardonnable pour des personnes de leurs positions), Toundi devient gênant. Ils savent tous que leur réunion merveilleuse est vouée à l'échec. [...]
[...] La rébellion est toujours associée au départ chez Oyono, pour refuser il faut partir. Rien ne changera, ils n'ont pas le pouvoir de faire changer les choses, seulement de les subir. Il s'agit, pour eux, de se soustraire à l'influence sous laquelle ils sont tombés. La fuite représente leur espoir. Chez Aimé Césaire ou Léon-Gontran Damas, la rébellion est au contraire un retour. Retour au pays, retour sur l'histoire. Mes aujourd'hui ont chacun sur mon jadis / de gros yeux qui roulent de rancœur / et de honte écrit Damas dans La Complainte du Nègre de Pigments. [...]
[...] Ce qui se passe à Dagan se passe partout ailleurs, il n'y a pas besoin de pointer du doigt certaines villes, certains pays : ils sont tous concernés. Et par l'écriture de Toundi, tout le monde est visé par le racisme de la ségrégation, par les disparités évidentes et affichées. Le texte prétend à une universalité dans son propos et sur ce point, l'ensemble se rejoint : il faut avertir, parler par son histoire, de celle que vit son pays actuellement, et grâce à elle extraire les éléments qui peuvent mener à une prise à conscience générale, à une modification des états d'esprit. [...]
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