Si l'intrigue de Roméo et Juliette est à l'évidence tissée sur des oppositions et des contraires, ceux-ci ne semblent pas avoir d'influence vraiment harmonisatrice sur les deux familles rivales. En revanche, l'expression du réel par cette confrontation des contraires est bien cette poésie "vraie" et "complète" dont parle Hugo, éloignée d'une harmonie fausse qu'on priverait de heurts : "le réel résulte de la combinaison toute naturelle de deux types, le sublime et le grotesque, qui se croisent dans le drame, comme ils se croisent dans la vie et dans la création." (...)
[...] Amour braillard ! Et amoureuse haine ! / Oh toutes choses d'abord enfantées de rien ! / O lourde légèreté ! Sérieuse vanité ! [...]
[...] Ces importantes variations du langage, du précieux au vulgaire, ancrent la pièce dans une constante oscillation entre des moments où la progression dramatique est ralentie, marqués par des interventions comiques et des moments où l'intensité tragique est plus forte, avec une intensification du rythme. Il semble à première vue impossible, et peu crédible, de mêler à une tragédie aussi sombre que celle qui met en scène la mort inéluctable de deux jeunes amants des passages digne d'une comédie et ce en raison de l'habituelle uniformité des personnages tragédies. [...]
[...] Littérature : Roméo et Juliette Shakespeare Victor Hugo écrit, dans La Préface de Cromwell : Car la poésie vraie, la poésie complète, est dans l'harmonie des contraires Montrez comment Roméo et Juliette de Shakespeare illustre cette affirmation. Écrite vers 1595 et publiée en 1597, la tragédie en cinq actes de William Shakespeare, Roméo et Juliette, est une pièce théâtrale et poétique, par ses vers et sa prose, par son utilisation harmonieuse des sons et des rythmes du langage, par la richesse des images. [...]
[...] Juliette le veut ainsi. L'harmonisation des contraires est flagrante, sous le joug de l'amour Roméo associe sa mort à son bonheur si elle répond au désir de Juliette, l'amour, la mort et le bonheur se lient alors qu'ils devraient s'exclure. L'opposition est personnifiée par l'alouette au chant funeste messagère de l'aube et le rossignol que voudrait entendre Juliette, parce qu' Il chant la nuit sur ce grenadier Jusque dans la scène fatale à Roméo puis à Juliette, la mort n'est pas synonyme de fin mais d'une union enfin consommée : c'est avec le poignard de Roméo que Juliette met fin à ses jours, en devenant finalement le fourreau. [...]
[...] Chaque camp refusait le compromis, à chacun de ses membres répondait un membre de l'autre clan comparable symétriquement et c'est la perte de cette équilibre meurtrier, la mort d'une jeunesse porteuse d'avenir qui force les patriarches des familles à arrêter une rivalité qui n'a que trop coûté. L'harmonie des contraires que Victor Hugo disait indispensable à la poésie vraie et complète est donc bien caractéristique de la trame de Roméo et Juliette dont les héros, tiraillés de toutes parts, parviennent pourtant à trouver un semblant de paix, grâce à la force de leur amour. Pièce sublime et grotesque, comique et tragique, fondée sur l'amour et la haine, ce sont ces tensions perpétuelles qui font la richesse de cette œuvre intemporelle. [...]
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