Analyse littéraire d'une lettre de la mère du narrateur du roman House of Leaves, Mark Danielewski.
[...] Cf Mallarmé, op.cit., Un coup de dés jamais n'abolira le hasard p.381 Nous reviendrons dans le mémoire sur cette idée selon laquelle House of Leaves est un roman de l'ère informatique en ceci qu'il intègre cet outil comme élément de fonctionnement et non comme simple support. C'est la volonté que la pièce en trop dans la maison fasse sens à tout prix qui finit par tuer tous ceux qui partent l'explorer et sont incapables de renoncer. Le texte, et le roman avec lui, semblent fonctionner comme une sorte de Rubik's Cube de part la multiplicité de leurs combinaisons. [...]
[...] Ce même blanc peut être considéré d'une autre façon, complémentaire à la première, à condition que l'on se penche cette fois sur le possible symbolisme linguistique de cette barre. En effet le terme même de barre renvoie à l'idée saussurienne de séparation entre signifiant et signifié ; si l'on accepte cette lecture, dès lors l'ensemble du texte peut être considéré comme un seul signifiant (et la difficulté à trouver un lien entre tous les signifiés pourrait y inviter) dont le signifié serait toujours déjà absent. [...]
[...] En effet la première partie du texte rend à la fois compte du passage du temps et d'une volonté toute héraclitéenne de créer un langage qui ne serait fait que de noms propres ou de trouver le nom unique qui serait justement enfin propre mais aussi de rendre donc compte d'une forme de permanence, d'identité malgré le changement manifestant une confiance dans le pouvoir de la langue.[13] Si cette forme d'agrégation apparaît moins forte dans la deuxième partie du texte, il y est tout de même manifesté une réelle force d'imbrication. Les lignes 15 et 16[14] sont un exemple de cette confusion qui se manifeste dans le trouble du lecteur quant à la façon d'envisager les liens internes de ce texte. [...]
[...] Le texte fonctionne parfois comme une ensemble de chambres d'écho à l'intérieur desquelles certains sons se répondent à l'identique ou avec de légères déformations. Les lignes et 26 peuvent ainsi donner l'impression de former une unité du fait qu'elles sont liées par une même rime en , un rapprochement aussi incité par le lien entre les sons de "anguish" et "guys" (que l'on peut d'ailleurs relier au son mis à la rime). Les trois lignes suivantes sont aussi remarquables de ce point de vue ; en effet les mêmes lettres et sons y reviennent à plusieurs reprises et semblent comme reconfigurés afin de créer de nouveaux mots. [...]
[...] Cette combinaison entre les modalités de signifiance du texte est ce qui ne constitue l'attrait principal pour le lecteur en ceci qu'il se sent lui-même autorisé (c'est-à-dire étymologiquement ‘fait auteur') à participer à la création de ce texte qui semble inviter au décryptage. Mais si ces activités de décodage multiple renforcent la volonté du lecteur de décadenasser un sens qu'il imagine possible, celui-ci est aussi travaillé par l'idée selon laquelle le coffre-fort pourrait bien être vide quand bien même il arriverait à faire sauter tous les verrous. [...]
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