Les sciences et les techniques modernes confèrent à l'homme une maîtrise incomparable sur la nature. Les progrès en ces domaines étant cumulatifs, il paraît n'y avoir de limites que provisoires à l'appropriation du monde par l'homme. Cependant, la confiance en l'avenir se fait beaucoup moins triomphaliste qu'au XIXe siècle. C'est que les effets pervers de la technique, les menaces qu'elle fait planer sur l'avenir de l'homme et de la planète, conduisent à s'interroger sur la valeur des relations que l'homme entretient avec la nature. Doit-on se rendre maître et possesseur de la nature? Sans contester les bénéfices tirés de l'industrie humaine, on s'interrogera néanmoins sur les limites dans lesquelles il paraît souhaitable de contenir le développement. Cela nous amène à rechercher des critères permettant de fixer ces limites. La détermination de ces critères est à son tour fonction de la manière dont on conçoit le rapport de l'homme à la nature.
[...] Plus pur surtout, sans doute parce que le langage de la conquête et de l'asservissement ne s'applique à la nature que métaphoriquement. La nature ne répond ni ne comprend, on ne peut employer ne s'applique à la nature que métaphoriquement. La nature ne répond ni ne comprend, on ne peut employer avec la nature le langage de la volonté et du commandement que l'on emploie avec les hommes. Si on ne peut commander à la nature qu'en lui obéissant ce n'est pas tant que, banalement, on ne devienne bon général que si l'on a été soldat discipliné, c'est plutôt que la domination de la nature requiert que l'on connaisse un autre langage, celui des sciences, un autre type de rapport que l'imposition directe d'une volonté, celui des arts, et de la production des effets à partir de la connaissance des causes. [...]
[...] Le travail cesse alors d'avoir la fonction libératrice par laquelle l'homme se démarque de la nature en la façonnant. C'est le propos de la critique marxiste du travail. On peut souligner la situation paradoxale de l'homme face à la technique : ce qu'il avait créé pour se libérer de sa position de faiblesse par rapport à la nature et pour se sentir chez lui dans le monde, est devenu finalement l'instrument de son aliénation. On peut, d'autre part, mettre en évidence l'ensemble des menaces qui pèsent sur l'homme en tant qu'utilisateur de la technique : les récentes catastrophes nucléaires, les progrès des manipulations génétiques. [...]
[...] On comprendra ce point en revenant au projet cartésien de se rendre comme maître et possesseur de la nature : la philosophie de Descartes repose sur l'opposition du sujet conscient et du monde extérieur. La nature est considérée comme un objet sur lequel le sujet opère. C'est le cas dans la technique, mais aussi dans les sciences : le biologiste dissèque le vivant, le physicien soumet la nature à des expériences. Se rendre comme maître et possesseur de la nature présuppose donc une réduction de la nature au rang d'objet, c'est-à-dire d'une chose docile qui se prête à des manipulations. [...]
[...] L'homme doit-il se rendre maître et possesseur de la nature ? Plan I. Nous rendre comme maître et possesseur de la nature. (Descartes, Discours de la méthode, VIe partie) 1. Analyse de l'expression maître et possesseur de la nature : sciences et techniques Pourquoi l'homme doit se rendre maître et possesseur de la nature Naissance d'une contestation de la technique. II. Une critique humaniste de la technique L'homme, critère des limites de la technique Peut-on être maître et possesseur de la technique ? [...]
[...] Or l'idée de respect, appliquée à la nature, est problématique. Respecter quelqu'un, c'est le reconnaître comme un être identique à moi et jouissant des mêmes droits que moi. C'est parce qu'autrui est un sujet libre, qui pose lui-même ses propres fins, qu'il ne peut devenir simplement un moyen que j'utiliserais : c'est l'idée d'humanité comme fin en soi chez Kant dans les Fondements de la métaphysique des mœurs. On voit donc que ce n'est pas dans le même sens qu'on peut parler d'un respect de l'animal, d'un respect de l'arbre, puisqu'il ne s'agit pas d'être libre et ayant une volonté propre. [...]
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