Analyse d'Autoportrait de Michel Leiris, avant son autobiographique.
[...] Une technique énumérative : Michel Leiris juxtapose les éléments du portrait sans établir de liens logiques entre les phrases. La répétition des verbes avoir et être : cette technique énumérative est renforcée par la répétition des verbes avoir et être j'ai des cheveux châtains, mes yeux sont, ma tête est, j'ai mes jambes On constate qu'il n'y a pas de recherches stylistiques particulières et cette sobriété fait penser à un descriptif de type administratif, comme si Michel Leiris répondait à l'injonction : Décrivez-vous sur un ton neutre. [...]
[...] Il est indéniable que l'auteur ne cherche pas à se mettre en valeur. Tout le texte est parcouru par des expressions dépréciatives qui développent le champ lexical de la laideur avec calvitie menaçante, exagérément noueuse, bord des paupières enflammé, maigre, velue, dos vouté Ainsi, on est loin des canons de la beauté. Ainsi la manière d'établir le portrait conduit le lecteur à s'interroger sur le sens et les enjeux de cet autoportrait Le sens de ce portrait Cet autoportrait révèle à la fois le désir de se regarder tout en admettant que cela reste une épreuve. [...]
[...] Cet autoportrait semble avoir pour objectif de mettre en relief une laideur dont l'auteur a conscience avec une sorte de lucidité douloureuse, trois expressions très fortes suggèrent la souffrance : j'ai honte, j'ai horreur, une laideur humiliante Cet autoportrait révèle donc une souffrance profonde et une difficulté de s'accepter tel qu'on est, mais le lecteur s'interroge car ce portrait exagérément négatif, n'est- il pas plutôt le signe de déchirement interne ? En conclusion, il est intéressant que l'incipit de son autobiographie commence par un autoportrait car le lecteur comprend d'emblé que cette présentation très dévalorisante de lui-même trahi des cassures intérieures que l'autobiographie révèlera peut-être. De plus, cette manière de ses peindre sans embellir la réalité peut assurer le lecteur que l'auteur aura la même rigueur dans la manière de rédiger sa vie. [...]
[...] L'âge d'homme : Michel Leiris est né à Paris en 1901 et meurs en 1990. Ces premiers écrits s'inspirent de la pensée surréaliste. Il s'intéresse au fonctionnement du langage et à ses jeux. Après sa rupture avec le surréalisme, il s'oriente vers la sociologie et l'ethnologie. Il se passionne pour l'Afrique et combat le colonialisme. Lorsqu'il rédige son autobiographie intitulé L'âge d'homme Michel Leiris entreprend parallèlement une cure psychanalytique. [...]
[...] Ces dires si l'écriture autobiographique est un vrai travail sur soi. L'ouvrage retrace les 34 premières années de sa vie. Cette autobiographie débute dès l'incipit par un autoportrait sans complaisance. Je montrerai en quoi il s'agit d'une autobiographie ; ensuite je mettrai en lumière la technique adopté par l'auteur pour brosser son autoportrait, et ; je m'interrogerai sur le sens de ce portrait dès l'incipit. Caractéristiques autobiographiques de l'autoportrait Ce texte est entièrement construit comme si Michel Leiris se tendait un miroir pour décrire ce qu'il voit. [...]
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