Premier auteur de poèmes en prose pleinement reconnu (qu'il qualifie seulement de « petite ballade en prose », reprenant ainsi la formule du critique Sainte-Beuve), Aloysius Bertrand, dans Gaspard de la nuit (1842), révolutionne aussi la thématique et la tonalité de la poésie, puisqu'il compose une oeuvre singulière, où le fantastique et l'humour se combinent étrangement, même si l'auteur conserve une disposition strophique (...)
[...] Mais les poètes s'engagent bien avant le XIXème siècle. Ainsi, Du Bellay (1522-1560) critique les mœurs corrompues de la cour papale, dans Les Regrets, tandis qu'Agrippa d'Aubigné 0552-1630) dénonce les horreurs des guerres de religion et la responsabilité qu'y ont les rois de France et les instances judiciaires, dans Les Tragiques. Toutefois, la démarche est plus systématique sous la plume d'Hugo: quand il écrit Les Châtiments, il consacre un énorme recueil poétique à la critique de Napoléon III qui, dès le premier poème, Nox est assimilé à un nain. [...]
[...] La conception de l'art et du beau est donc en pleine évolution. Premier auteur de poèmes en prose pleinement reconnu (qu'il qualifie seulement de petite ballade en prose reprenant ainsi la formule du critique Sainte-Beuve), Aloysius Bertrand, dans Gaspard de la nuit (1842), révolutionne aussi la thématique et la tonalité de la poésie, puisqu'il compose une œuvre singulière, où le fantastique et l'humour se combinent étrangement, même si l'auteur conserve une disposition strophique. Toutefois, le poème en prose n'explose véritablement qu'avec Le Spleen de Paris (1369), d'autant que Baudelaire adopte un véritable discours théorique pour défendre sa nouvelle entreprise, à laquelle il confère une importance indéniable en en faisant, en quelque sorte, l'équivalent en prose des Fleurs du mal. [...]
[...] Certains qualifient déjà cette œuvre de poème en prose Par ailleurs, les goûts évoluent et des critiques de plus en plus fréquentes sont formulées à l'encontre du vers, jugé peu naturel. Au XVIIIème siècle paraissent des textes en prose dont la qualité poétique est indéniable. Il y a aussi de plus en plus de traductions en prose d'œuvres poétiques étrangères (les poèmes attribués au poète écossais Ossian, notamment) qui mettent en évidence de possibles alternatives poétiques au vers régulier et rimé (le travail sur j'homophonie, le jeu sur les qualités prosodiques propres à la langue . [...]
[...] ) et annoncent la naissance de la modernité. Loin des associations académiques propres aux figures d'analogie et aux schémas préétablis par la versification, Baudelaire et ses successeurs donnent la primauté à deux sources d'inspiration apparemment antithétiques: l'imagination (qui donne lieu à une fantasmagorie libérée de toute entrave) et l'évocation du quotidien, que l'on retrouvera plus tard dans les œuvres d'Apollinaire et des Surréalistes. II La poésie engagée On dit d'une œuvre qu'elle est« engagée» lorsque son auteur y affirme clairement ses positions et qu'il. [...]
[...] Du reste, cette révolution littéraire correspond aussi à une remise en cause politique: l'Empire et la Restauration ont imposé une censure jugée de plus en plus insupportable par les écrivains qui rêvent d'une littérature libre. Faute de pouvoir influer de manière directe sur le gouvernement de la France, ils entreprennent d'en modifier les canons esthétiques. Les Romantiques sont surtout influencés par Shakespeare (qui pratique allègrement le mélange des genres) et renouent avec une inspiration plus populaire dont s'inspireront les auteurs fantastiques (Mme de Stad, dans De l'Allemagne, fustigeait la poésie française, excessivement académique, au contraire de ses consoeurs européennes). [...]
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