Tout comme son ami Baudelaire, Barbey d'Aurevilly s'est vu assigner en procès suite à la parution des Diaboliques. Et pour cause : inceste, adultère ... le livre semble n'être qu'un recueil d'histoires pécheresses, un pandémonium que Barbey nous fait entr'apercevoir par le biais de personnages hauts en couleurs. Ce qui fera dire à H. Schwartz « partout l'admiration se mêle à l'horreur, et c'est ce qui a fait douter, parfois, de l'authenticité du catholicisme de Barbey ». Cette affirmation soulève la question de la poétique du péché chez Barbey d'Aurevilly : sous quelles formes est-il écrit ? Dans quel but ?
Ainsi le « mal », le péché, est omniprésent dans l'œuvre de Barbey d'Aurevilly, du moins dans L'Ensorcelée et Les Diaboliques. Cependant comment le percevons-nous, comment est-il représenté, suggéré ?
[...] Nous allons donc ici essayer de définir une poétique du mal selon Barbey d'Aurevilly, en nous intéressant dans un premier temps à la représentation du mal dans son œuvre, en particulier Les Diaboliques et L'Ensorcelée; puis nous nous attacherons à la fonction de cette représentation du mal, si elle peut interférer avec le catholicisme dont se revendique Barbey comme le suggère H. Schwartz. Ainsi, le mal le péché, est omniprésent dans l'œuvre de Barbey d'Aurevilly, du moins dans L'Ensorcelée et Les Diaboliques. [...]
[...] Chez Barbey d'Aurevilly, partout l'admiration se mêle à l'horreur et l'auteur semble aimer ses personnages immoraux. Cependant, cela ne devrait pas faire douter ( . ) de l'authenticité du catholicisme de Barbey Le péché chez Barbey se manifeste par une écriture romantique, sublime, des personnages hauts en couleurs, qu'on ne peut juger de façon manichéiste : voilà sans doute pourquoi Schwartz parle d'admiration. Cela ne doit cependant pas interférer avec la religion de l'auteur, ses justifications étant multiples : il a voulu faire ouvrage d'exemple, montrer l'horreur afin que le lecteur en tire une leçon, procédant à une catharsis; enfin, ses personnages peuvent être des martyrs, ou du moins aucun n'est totalement heureux, le bonheur dans le crime n'étant pas possible chez Barbey, comme chez tout auteur catholique. [...]
[...] Certaines diaboliques même pourraient voir leur situation justifiée : on pourrait y voir des figures de martyr. Outre les personnages ensorcelés : Jeanne, Dlaïde Magly, le plus bel amour de Don Juan la scène la plus parlante est celle du cachetage de La Pudica. Elle y est physiquement marquée, à la cire, à l'endroit symbolique du sexe féminin. On pourrait y voir une mort d'une partie d'elle. La scène floue tous les repères sur la religion, Rose est un personnage hybride : martyr, démon, serpent ? [...]
[...] Schwartz a écrit à propos de Barbey d'Aurevilly : Partout l'admiration se mêle à l'horreur, et c'est ce qui a fait douter, parfois, de l'authenticité du catholicisme de Barbey Tout comme son ami Baudelaire, Barbey d'Aurevilly s'est vu assigner en procès suite à la parution des Diaboliques. Et pour cause : inceste, adultère . le livre semble n'être qu'un recueil d'histoires pécheresses, un pandémonium que Barbey nous fait entr'apercevoir par le biais de personnages hauts en couleurs. Ce qui fera dire à H. [...]
[...] Par exemple, Thomas Le Hardouey est présenté par le narrateur, qui sélectionne les informations qu'il donne sur ses personnages, de façon plutôt péjorative. Il est ainsi perçu comme matérialiste, athée ce qui est grave pour Barbey- : citons la scène des bergers et du miroir où Le Hardouey jure, et le narrateur ne transcrit même pas le juron, lui-même ne se l'autorisant pas. Ici, le personnage est implicite, et cependant clairement blâmé. Thomas Le Hardouey le sera de nombreuses fois dans le récit, sous le couvert de l'opinion de personnages qui lui sont hostiles, politiquement et idéologiquement opposés : La Clotte surtout. [...]
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