Le physique du Prince est en rapport avec son autorité de chef, il est en effet décrit comme un géant. Le texte parle de lui ainsi : (11) « Lui, le Prince, pendant ce temps, se levait : le heurt de son poids de géant faisait trembler le plancher... Non qu'il fût gros, il n'était qu'immense et très fort ; sa tête effleurait les lustres ; ses doigts pouvaient froisser comme du papier vélin les pièces d'un ducat ; et entre la villa Salina et l'atelier d'un orfèvre le va-et-vient était fréquent pour la réparation de fourchettes et de cuillères que ses colères contenues, à table, lui faisaient souvent tordre en cercle... ».
Or ce géant parfois brutal peut aussi montrer beaucoup de douceur comme le dit le roman (p. 12) (...)
[...] L'ironie de Lampedusa à l'égard de la religion et donc du Père Pirrone. Dans l'incipit l'écriture de Di Lampedusa juxtapose la religion et la sensualité. L'apparition du Père Pirrone a lieu sur fond de sensualité. Par exemple dès les premières pages du livre, la prière dite par le Père se fait sous le plafond rococo et sa représentation de Marie Madeleine (disciple de Jésus mais aussi sainte qui a passé dix ans dans le désert après avoir mené une vie de luxure) et la soutane du père cache en partie Andromède jeune fille de la mythologie grecque dont Persée tombe amoureux. [...]
[...] Un personnage en crise. Son physique fait de Don Fabrizio un être d'exception mais il l'est aussi par ses caractéristiques psychologiques. a. Un être extravagant Goût pour les sciences. Les origines allemandes de Don Fabrizio lui confèrent outre la blondeur une rationalité dont sont peut-être incapables les Siciliens. Ses centres d'intérêt sont en effet peu compris de ses compatriotes. Il s'agit surtout des mathématiques et de l'astronomie. «Aux yeux de ces messieurs Don Fabrizio passait pour un être extravagant ; son intérêt pour les mathématiques était presque considéré comme une perversion coupable et s'il n'avait pas été justement le prince de Salina et si on ne l'avait pas connu comme un excellent cavalier, un chasseur infatigable et un passable coureur de jupons, ses parallaxes et ses télescopes auraient risqué de le faire bannir ; mais déjà on parlait peu avec lui Il se retrouvait souvent isolé, non par respect, comme il le croyait, mais par crainte.» (235) Son goût pour les mathématiques va avec celui de l'astronomie. [...]
[...] Il représente un alibi pour le Prince quand ce dernier veut se consacrer à ses frasques. Dans le premier chapitre Don Fabrizio demande au Père Pirrone : Père Pirrone, venez avec moi, nous serons de retour à onze heures ; vous pourrez passer deux heures à la Maison Professe avec vos amis Don Pirrone est obligé de se soumettre à la demande du Prince même s'il désapprouve son initiative. Prendre comme compagnon l'ecclésiastique de la maison était d'une arrogance offensante.C'est ainsi du moins que le ressentit le Père Pirrone, et il en fut offensé ; mais naturellement, il céda. [...]
[...] Plus loin dans le roman il est question de (104) : l'image de son neveu, sa voix railleuse et nasillarde, ses yeux d'où jaillissait une malice bleutée. Ailleurs encore il est dit il imagina ses yeux bleus étroits qui scintilleraient en lisant la joyeuse réponse C'est donc l'esprit de Tancredi, visible dans ses yeux, qui le rend séduisant tout comme son comportement et son élégance. Il en est question à plusieurs reprises dans le récit : Dans cette saleté l'élégance correcte de Tancredi éclatait d'autant plus Il se tenait là, habillé de rouge et irrésistible Le personnage est donc à la fois séducteur et amusant. [...]
[...] Le Prince est donc attaché à Tancredi comme à son propre fils. Il est dit page 75 : Le Prince aimait beaucoup sa fille mais il aimait encore plus Tancredi. Conquis depuis toujours par l'affection moqueuse du jeune homme, il avait commencé depuis quelques mois à peine à admirer aussi son intelligence : sa faculté d'adaptation rapide, sa pénétration mondaine, son art inné des nuances C'est ainsi que Fabrizio aimerait voir son neveu épouser sa fille mais en même temps il comprend qu'elle n'est pas pour lui, que Tancredi regarde ailleurs comme il est dit : La jeune fille (Concetta) doit nourrir quelque sentiment pour ce garnement. [...]
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