Août 1914, il y a près de quatre-vingt-dix ans, les pays d'Europe, partagée dans des systèmes d'alliance, se déchiraient. Pour l'honneur de leur patrie, de nombreux auteurs, âgés de dix-huit à quarante ans, quittaient leurs occupations quotidiennes, leurs tâches d'intellectuels, pour s'engager volontairement dans ce conflit sans fin, qui s'étendait de la Lorraine aux Flandres.
Pendant la guerre, l'écriture constituait pour les soldats, simples recrues ou écrivains mobilisés, un moyen privilégié de libérer l'angoisse et la solitude qu'ils avaient accumulées au fond de leurs tranchées. Beaucoup d'entre eux correspondaient avec leur famille restée à l'arrière, d'autres encore tenaient des « carnets de guerre».
A leur retour, certains en tirèrent la matière de romans ou de témoignages retravaillés à la fois très réalistes et sublimés.
Leurs œuvres, qu'elles soient françaises ou allemandes, racontent l'horreur du conflit, l'immense chaos, la« boucherie sanglante» qu'était la Grande Guerre.
A travers les années, ces lettres de soldats conservées au fil des générations et ces romans révélant l'atrocité du conflit ont contribué à notre mémoire collective.
En effet, le regard porté par ceux qui la vécurent sur cette guerre qui devait être la « der des der» suscite chez beaucoup d'entre nous un intérêt particulier.
[...] Mais, dans la même lignée que H. Fallada ou T. Plivier auxquels l'apparente son réalisme direct, il a le mérite de traduire fidèlement les innombrables souffrances infligées aux anonymes et au sans-grade par la barbarie du XXème siècle. A l'Ouest Rien de Nouveau : fiche synthétique de l'œuvre Afin de mieux nous repérer dans l'étude du livre A l'ouest rien de nouveau» de Erich Maria Remarque, paru en 1928 nous nous baserons sur l'édition Le Livre de Poche. I. fiche technique de l'œuvre Le livre compte 220 pages et est comprend douze chapitres, eux-mêmes divisés en plusieurs parties. [...]
[...] Le premier mérite de Remarque est de rompre sans ambiguïté cette tradition et de briser un tabou. Les héros de Remarque - des adolescents de dix neufs ans, contrairement aux personnages de Dorgelès ou de Barbusse, dont il a subi l'influence - dévoilent à partir de leurs expériences directes, dans un langage sans apprêt, souvent émaillé d'expressions gouailleuses, le visage quotidien, ordinaire et odieux de la guerre. En outre, ils dénoncent tout un arrière-plan d'éducation et de propagande sous- jacent à ces horreurs. [...]
[...] Il est très lié d'amitié avec Paul. Vers la fin, on viendra le chercher pour amputer sa jambe. Après cette opération, il aura des envies de suicide. Le voyant totalement désespéré, Paul aura du mal à le quitter et à le laisser seul. Stanislas KATCZINSKY : Il occupait, avant la guerre, la profession de cordonnier. Paul l'admire beaucoup et le considère comme la tête du groupe Surnommé Kat, il est âgé de 40 ans, a les« yeux bleus, des épaules tombantes et un flair merveilleux pour découvrir le danger, la bonne nourriture et de beaux endroits où s'embusquer.» Vers la fin du roman, sera gravement blessé à la jambe et mourra d'un éclat d'obus reçu dans la tête. [...]
[...] Aujourd'hui je te joins à ma lettre quatre marks. J'ai envoyé à la maison des photos, vas-y pour les voir. Fahibush se porte bien ainsi que les autres bonshommes. Tu me demandes ce que nous mangeons. Dans la semaine, en moyenne deux fois de la soupe aux pois à la couenne de lard, deux fois du bouillon au riz sucré, une fois des haricots verts et une fois de la soupe de riz avec de la viande de bœuf. On mange à même le couvercle de notre casserole de fer, et j'ai toujours dans ma poche ma cuillère, juste essuyée à l'aide d'un papier. [...]
[...] Les grenades lancées par les soldats les blessent grièvement. Paul décrit dans toute son horreur un assaillant tomber après avoir reçu une grenade: le corps s'affaisse sur lui-même comme un sac, les mains restent croisées comme s'il voulait prier. Puis le corps se détache tout entier et il n'y a plus que les mains coupées par le coup de feu, avec des tronçons de bras qui restent accrochés dans les barbelés.» Puis il n'y a plus d'autre attaque de l'ennemi, Paul et ses camarades s'étendent, haletants, et se reposent. [...]
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