Albertine Disparue paraît en 1927, cinq ans après la mort de Proust. Proust avait d'abord songé à intituler son texte La Fugitive – pour former un diptyque avec La Prisonnière – mais la traduction d'un ouvrage de R.Tagore remporte un certain succès sous ce titre, le rendant indisponible. Pourtant, c'est sous ce titre de Fugitive que B.Raffalli a publié l'ouvrage, et qu'il émet le jugement suivant dans sa préface : « « Le grand sujet de La Fugitive, à la lumière de l'impossible recherche d'Albertine, est bien purement et simplement le statut de la réalité, de toute réalité ». Par grand sujet, B.Raffalli entend à la fois le thème principal et le centre organisateur de l'ouvrage, son fil conducteur. Nous disons centre car, par deux adverbes « purement et simplement », B.Raffalli restreint et annihile toute tentative de trouver quelque autre « grand sujet » dans Albertine Disparue. Ce grand thème, c'est « la réalité », et plus particulièrement le « statut de la réalité. Cette réalité est propre à Proust, à savoir que ce n'est pas la réalité sensible et visuelle au premier abord, la réalité matérielle du quotidien, mais bien une réalité profonde, complexe et immanente – nous verrons en quoi. Son « statut » est alors les conditions dans lesquelles on peut appréhender la réalité. Mais cela, il faut le voir « à la lumière de l'impossible recherche d'Albertine ». Il y aurait donc un lien causal entre une impossible recherche que l'auteur entreprend, c'est-à-dire mettre en œuvre des moyens pour enfin connaître Albertine, et le fait de trouver de définir ce qu'est la réalité pour Proust. Ceci nous amène donc à nous demander comment Proust appréhende la réalité, par quels moyens il l'exprime, et quels sont les moyens par lesquels on peut accéder à cette réalité.
Pour tenter de répondre à ces interrogations, nous verrons tout d'abord qu'Albertine Disparue est, au choix, une impossible recherche ou une recherche de l'impossible, avant d'étudier l'enquête sur la réalité qui s'opère. Pour finir, nous analyserons ce qui est mis en œuvre et ce qui est nécessaire à l'auteur pour accéder à la Réalité.
[...] Mais il meurt, et il meurt sans avoir achevé sa critique de la peinture hollandaise en général et de Ver Meer. Il ne l'achève pas en partie parce qu'il a consacré sa vie aux femmes, à une femme. On a dit plus haut qu'on pouvait considérer à bien des égards le Narrateur comme un double de Swann. Et sur ce point, chacun chercher la vérité et la réalité de sa compagne Swann, Odette et le Narrateur, Albertine Mais la différence entre les deux personnages : le Narrateur va se rendre compte face à la recherche impossible d'Albertine, que le statut de la réalité ne réside pas forcément dans Albertine : Albertine m'avait semblé un obstacle interposé entre moi et toutes choses parce qu'elle était pour moi leur contenant et que c'est d'elle, comme d'un vase, que je pouvais les recevoir. [...]
[...] Le grand sujet de La Fugitive, à la lumière de l'impossible recherche d'Albertine, est bien purement et simplement le statut de la réalité, de toute réalité Albertine Disparue paraît en 1927, cinq ans après la mort de Proust. Proust avait d'abord songé à intituler son texte La Fugitive pour former un diptyque avec La Prisonnière mais la traduction d'un ouvrage de R.Tagore remporte un certain succès sous ce titre, le rendant indisponible. Pourtant, c'est sous ce titre de Fugitive que B.Raffalli a publié l'ouvrage, et qu'il émet le jugement suivant dans sa préface : Le grand sujet de La Fugitive, à la lumière de l'impossible recherche d'Albertine, est bien purement et simplement le statut de la réalité, de toute réalité Par grand sujet, B.Raffalli entend à la fois le thème principal et le centre organisateur de l'ouvrage, son fil conducteur. [...]
[...] Ceci nous amène donc à nous demander comment Proust appréhende la réalité, par quels moyens il l'exprime, et quels sont les moyens par lesquels on peut accéder à cette réalité. Pour tenter de répondre à ces interrogations, nous verrons tout d'abord qu'Albertine Disparue est, au choix, une impossible recherche ou une recherche de l'impossible, avant d'étudier l'enquête sur la réalité qui s'opère. Pour finir, nous analyserons ce qui est mis en œuvre et ce qui est nécessaire à l'auteur pour accéder à la Réalité. La réflexion sur la réalité ne pourrait se faire qu'à la lumière de l'impossible recherche d'Albertine selon B.Raffalli. [...]
[...] Le Narrateur vient d'envoyer son ami Aimé à Balbec pour savoir rechercher des éléments qui permettraient de classer Albertine du côté de Gomorrhe, ce qu'il soupçonne, ou non. Il cherche donc à connaître la vérité sur Albertine, la vraie Albertine en quelque sorte, ce qu'elle a été et ce qu'elle lui a toujours caché, ce qu'elle a toujours nié. Ce système de questions au discours indirect qui permet d'enchâsser ces interrogations au cœur même du récit, on le retrouve à maintes reprises dans la Recherche et dans Albertine Disparue plus précisément. [...]
[...] Proust La Prisonnière, Folio. Toursel & Vassevière Littérature : Textes théoriques et critiques, Armand Colin 304p. [...]
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